Lune Magique - Capitaine Flam

– C’est une bonne idée que tu y ailles, Kurri, dit Jon Valdane. Pour que ce soit encore
plus sûr, Rob Rosson vous accompagnera aussi.
Newton était consterné. Avec deux associés de Valdane à ses côtés, il aurait bien du
mal à saboter sa mission. Mais il faudrait bien qu’il y arrive.
– Prépare ton déguisement tout de suite, Carson, dit Lewis excité. Je fais revenir la
troupe, comme ça on pourra vous rejoindre avec les camions d’ici quelques heures.
Newton retourna à sa cabine et se transforma rapidement en Capitaine Futur, il prit la
combinaison spatiale grise et son arme factice. Avant de rejoindre les autres, il se glissa dans
la salle des accessoires.
– Grag, Simon ! chuchota-t-il. Ceux-ci s’approchèrent aussitôt, et il leur fit part
brièvement de la mission pour laquelle il était dépêché. Je ferai en sorte que les Stygians ne
coopèrent pas, et l’équipe de cinéma qui doit me suivre ne pourra pas atteindre la cité. Mais
j’aimerais que vous vous arrangiez pour que Joan reste ici avec Ezra, si vous le pouvez.
– Je vais essayer de la convaincre si j’en ai la possibilité, mais tu sais mieux que moi à
quel point elle est têtue, dit le Cerveau sèchement.
– Elle doit rester ici, s’exclama Newton. Su Thuar sera avec l’équipe de cinéma quand
elle partira d’ici, et elle serait en danger là-bas.
Il se dépêcha de retourner auprès des autres. Kin Kurri et Rosson, le Terrien au visage
de brute, l’attendaient. Tous les deux portaient de lourdes armes atomiques à leur ceinture.
Le Saturnien prit la tête en sortant du vaisseau, Rosson et Curt Newton le suivirent.
Newton avançait avec une réticence évidente.
Ils approchèrent des piètres immeubles métalliques de Planet Town, à plus d’un
kilomètre de là. Même l’après-midi, les établissements de boissons et de jeux le long des rues
sordides étaient très animés. Les bruits de roulettes quantiques, de bagarres et la froide
clameur des juke-boxes, retentissaient tout le long de la rue principale qu’ils traversaient.
Curt Newton était écœuré. Il ne blâmait pas les pacifiques Stygians de détester
l’incursion de ces grossiers chercheurs de diamants et la horde de négociants, joueurs, harpies
et criminels qui les suivaient. Et ce qui était pire, ces machines que haïssaient tant les
Stygians. La venue des étrangers avait apporté des appareils mécaniques, des métaux et des
vaisseaux sur ce monde qui était toujours resté délibérément à moitié primitif.
Kin Kurri, Curt Newton et Rosson traversèrent cette ville agitée et se dirigèrent vers le
nord à travers les brumes et les marécages de la vallée. Ils dépassèrent bien vite les falaises
rocailleuses au fond desquelles ils pouvaient apercevoir des douzaines de prospecteurs de
toutes les races du Système Solaire, travaillant avec des pics, des haches et de puissantes
perceuses.
Curt Newton savait qu’il s’agissait des gisements de diamants dont la découverte avait
drainé sur Styx les plus coriaces aventuriers du Système. Les prospecteurs avaient revendiqué
leurs droits avec une complète indifférence face aux protestations des Stygians. Et tous
devaient protéger leurs propriétés avec leurs armes atomiques, puisque la Patrouille, suivant le
traité, était interdite sur Styx. Ainsi il n’y avait aucune loi hormis celle de la force et de la
violence.
Le groupe émergea de la vallée marécageuse et se dirigeait maintenant vers le nord ;
ils parcoururent la plaine d’herbe blanche recouverte de nuages de brouillard. Ils avançaient
dans le silence, dans une blancheur aveuglante, ils ne voyaient rien d’autre que les rares
bosquets blancs des immenses lycopodes qui émergeaient comme des géants vaporeux et
fantomatiques. Le Saturnien déterminait la direction à l’aide d’un gyro-compas de poche qu’il
avait apporté. Pendant plus d’une heure ils marchèrent vers le nord.
– Nous devrions être proches de cette cité stygianne, dit Kin Kurri d’un ton inquiet.
Nous avons parcouru au moins une demi-douzaine de kilomètres, et…
56