Lune Magique - Capitaine Flam

Lorsque l'aube se leva, le Capitaine Futur était exténué. Il n’avait pas dormi depuis
deux nuits, et son corps d’acier commençait à succomber à la lassitude. Mais il insista pour
continuer le travail. Le moteur du générateur était complètement fini, mais pas le projecteur. Il
testa le générateur en fermant les circuits de tiges rigides en carbone, qu’il connecta avec la
série de batteries de Sanderson. Le rotor du gros moteur rudimentaire tourna avec un bruit
perçant sur ses axes de verre grossier. Alors, il délivra du courant à partir des générateurs : du
courant à haut voltage qui ferait fonctionner le projecteur.
– Éteins-le, ordonna Newton. C’est assez pour un test. Ces vibrations pourraient
altérer le carbone si ça tournait trop longtemps.
Les tubes qu’il avait improvisés avec des grilles et des filaments non métalliques
furent un échec. Il devait travailler dessus à nouveau.
Plus tard dans l’après-midi, deux éclaireurs stygians revinrent rapidement dans la cité
embrumée, montés sur leurs kurus.
– Les étrangers de Planet Town arrivent, rapportèrent les éclaireurs, excités. Ils ne sont
plus qu’à deux ou trois kilomètres d’ici.
– Ezra, Willard, Lewis emmenez nos hommes sur le mur d’enceinte et aux
portails, ordonna Curt Newton. Je continue avec ça. Peut-être sera-t-il possible de le finir
avant qu’ils arrivent ici. Et si ça marche en détruisant bien la rouille dans la région, la Comète
et d’autres vaisseaux pourront atterrir.
– Que faisons-nous de Valdane ? demanda gravement Ezra, tendant un doigt vers le
financier rondouillard, pour l’instant terrifié, qu’ils avaient gardé sous surveillance avec
l’autre prisonnier, Rosson.
– Laissez-le là, dit Newton. Il ne serait d’aucune utilité en tant qu’otage, Su Thuar se
fiche pas mal que nous le tuions ou non.
Le vieux Qu’Lur et Th’Thaan avaient réuni les Stygians. Les hommes de la Lune
Magique portaient tous les étranges lentilles télépathiques à leur front.
– Nous utiliserons nos pouvoirs au maximum pour stopper nos agresseurs, déclara
Qu’Lur gravement.
Curt Newton garda Otho avec lui, travaillant dans une ardeur désespérée à la
fabrication de nouveaux tubes pour le projecteur. Le temps leur était compté maintenant.
Ses mains tremblaient quand ils eurent finalement fini la tâche et inséré les nouveaux
tubes dans l’appareil. A nouveau, il ferma les circuits qui renvoyaient le courant dans le
mécanisme improvisé. Le grincement des axes du générateur ne couvrit pas tout à fait le lent
bourdonnement qui provenait du projecteur. La sphère irradiante de carbone ne montra aucun
changement, et ils ne ressentirent rien. Mais Curt Newton savait que le mécanisme émettait
maintenant de fortes radiations qui remplissaient l’atmosphère sur au moins une vingtaine de
kilomètres à la ronde.
– Est-ce que ça marche ? chuchota Joan Randall. Est-ce que ça tue la rouille ?
– Je ne sais pas encore, répondit-il à voix haute. Ca devrait marcher vite, ou pas du
tout.
Les rotors tournants et grinçants du générateur menaçaient de briser les tiges de
carbone à tout moment. Curt Newton attrapa un peu de cendre grise qui flottait toujours
partout, et l’inspecta avec sa loupe improvisée. Il émit un cri rauque de triomphe. Les spores
grises devenaient noires. Elles mouraient, tuées par les radiations.
– Ca marche, cria-t-il. La rouille est détruite, elle sera nettoyée jusqu’aux limites de
l’atmosphère. Le projecteur détruira toute spore vivante qui pénétrera cette région, aussi
longtemps qu’il tournera.
Au même moment, leur parvint, du sud de la cité de Dzong, un écho féroce et lointain
de hurlements enragés.
85