Lune Magique - Capitaine Flam

Curt Newton vit ce à quoi il s’attendait. Partout les cendres des fioles des Stygians se
posaient pour se répandre comme par magie. Elles se répandaient comme une flamme grise,
proliférant à une vitesse incroyable sur la surface de chaque morceau de métal qu’elles
touchaient. Et elles le rongeaient, se nourrissant de lui telle une flamme le ferait d’un morceau
de bois.
Dans un terrible fracas, un immeuble métallique s’effondra après que son armature fut
consumée par la cendre grise. Une autre structure vacilla puis une autre. La rouille se
répandait comme un éclair à travers la ville. Maintenant la poussière grise flottait partout dans
l’air, elle volait dans toutes les directions. Et dès qu’elle touchait du métal, elle proliférait et le
consumait avec une rapidité prodigieuse.
Le Capitaine Futur entendit un grondement de tonnerre à l’est et vit à l’horizon une
flambée de réacteurs provenant du terrain d’atterrissage.
– Simon et Grag ont réussi à décoller avec la Comète avant que le Destructeur ne les
atteigne. Sa voix était rauque. Merci Neptune, au moins pour ça.
– Curt, qu’est-ce que c’est ? demanda Joan Randall pétrifiée. Cette poussière grise…
– C’est une rouille, une rouille qui ronge presque toutes les sortes de métal, réponditil.
Un étrange secret de la science ancienne que les Stygians ont conservé, une espèce de
champignon, quelque chose de semi-organique qui se répand maintenant avec le vent, et
consumera chaque morceau de métal sur Styx.
Elle poussa un cri de terreur. Et de la foule abasourdie dans les rues, des cris horrifiés
s’élevaient tels des clameurs sauvages, pendant qu’ils observaient impuissants la terrible
avancée du Destructeur. Les structures métalliques de Planet Town s’écroulaient en ruine
partout ! Le feu gris de la rouille répandait dans les airs ses spores volantes, dévorant chaque
pièce de métal qu’elle rencontrait. Déjà la moitié des immeubles de la ville avait fondu et était
comparable à de gros tas informes de poussières grises. Les lumières brillantes s’éteignirent
quand la rouille atteignit la centrale électrique. Et sous la faible lueur étrange de la planète à
l’horizon, la terrible destruction s’avançait.
– Cet immeuble s’effondre, cria Curt Newton aux autres dans le tumulte. Vite, partons
d’ici.
Il tira Joan Randall dans les rues. Et les autres le suivirent stupéfaits, puisque la rouille
grise attaquait l’immeuble qui leur faisait face.
– Chef, mon pistolet atomique est en train de fondre dans ma main, cria furieusement
Otho. Tout s’en va !
Planet Town était devenue un enfer de panique et d’horreur comme la destruction
s’abattait sur elle et se changeait en collines de poussières fondues et grises.
Et Qu’Lur et ses Stygians au bout de la rue, assis sur leurs montures, observaient
solennellement la catastrophe qu’ils avaient engendrée.
– Les vaisseaux s’effritent aussi, pleura un homme aux yeux ahuris qui accourait au
devant de la foule. Chaque vaisseau spatial sur le terrain d’atterrissage est recouvert de cette
poussière grise.
Joan Randall s’agrippa au bras de Curt nerveusement.
– Curt, ça veut dire…
La voix du Capitaine Futur était rauque.
– Oui, Joan. Ca veut dire que nous ne pouvons plus partir de Styx maintenant. Et plus
aucun vaisseau ne peut venir sur cette lune, sans être consumé par la rouille.
– Nous sommes perdus ! pleura Jon Valdane pris d’une panique hystérique. Nous
sommes piégés ici sans espoir de fuite, prisonniers ici pour toujours !
75