Lune Magique - Capitaine Flam

Le Capitaine Futur jeta un coup d’œil vers la Comète. Il eut néanmoins du mal à la
reconnaître. Son élégant petit vaisseau avait été maquillé grâce à de la peinture et d’autres
artifices. Il ressemblait maintenant à un vieux croiseur cabossé et en bout de course, le genre à
être racheté au rabais, sur une planète quelconque, par quelqu’un prêt à risquer sa vie sur un
tel coucou.
Le Perseus atterrit dans un tonnerre de tubes à réaction. Les acteurs et techniciens
s’amassèrent tous très enthousiastes autour des portes de débarquement. Newton affichait la
même excitation en se pressant avec les autres, mais il faisait attention à rester près de Joan,
lorsqu’il vit Su Thuar la suivre.
– Vous devrez être très prudents ici ! Jeff Lewis avertit son équipe. Cet endroit a la
réputation d’être la ville frontière la plus difficile du Système.
Dans la fraîcheur d’un brouillard de crépuscule qui était en fait l’après-midi ici, ils
regardèrent émerveillé autour d’eux, en descendant la passerelle. A plus d’un kilomètre à
l’ouest à travers la brume surgissaient les structures métalliques de Planet Town.
Une foule hétéroclite provenant de la ville frontière s’amassait sur le terrain pour les
accueillir. Les yeux expérimentés de Curt Newton reconnurent l’habituelle populace qui
suivait les frontières interplanétaires, des aventuriers, des criminels en fuite, des négociants et
des touristes curieux. Il y avait des Uraniens jaunes, des Vénusiens pâles, des Martiens aux
yeux sombres et des Terriens aux airs patibulaires. Presque tous ces hommes portaient un
pistolet atomique à leur ceinture.
Un brigand jovien vert et musclé, au visage massif et vicieux, s’approcha d’eux.
– Bienvenue à Planet Town, les amis, dit-il d’une voix enrouée. Je suis Jos Vakos, le
propriétaire du plus grand casino de cet endroit. Nous attendions votre arrivée, Messieurs les
cinéastes.
Jim Willard, à côté de Newton, commenta sèchement, en un souffle.
– On dirait que notre publicité pour Le Champion de l’Espace a attiré sur nous les
regards de tout le Système.
Le Capitaine Futur sourcilla. C’était une des facettes de l’énigme qu’il n’avait pas
encore été capable d’élucider. Pourquoi Jon Valdane avait-il monté une aussi grosse
campagne publicitaire pour cette expédition ? Pourquoi voulait-il que le tout le Système le
regarde mettre en place son mystérieux complot du pillage de Styx ?
– Vous vous plairez ici à Planet Town, gronda Jos Vakos. Il n’y a aucune loi puisque
la Patrouille ne peut pas venir ici. Vous pouvez faire tout ce que vous voulez, tant que vous
pouvez vous défendre avec une arme.
Jeff Lewis fut d’une politesse diplomatique.
– Nous sommes ici pour filmer des scènes dans l’une des communautés stygiannes.
J’ai cru comprendre que l’une de leurs villes n’était pas loin d’ici au nord.
Soudain, un ricanement de dérision provint d’un vieux rat de l’espace, un Terrien
moustachu à l’allure peu recommandable, au devant de la foule.
– Vous n’avez aucune chance, cria-t-il. Les poilus ne permettent à personne de
s’approcher de leurs dangereuses cités. Ils essayent même de nous empêcher de travailler dans
les mines de diamants du nord.
– Le vieux Lennie dit la vérité, dit Jos Vakos, le Jovien au visage de brute. Nous avons
tous fait le chemin jusqu’ici quand nous avons entendu parler des gisements de diamants,
mais ces satanés poilus font tout ce qu’ils peuvent pour nous faire déguerpir de peur.
Le Capitaine Futur était intrigué par la voix du vieux rat de l’espace moustachu qu’ils
appelaient Lennie. Il observa intensément le vieux prospecteur à l’aspect inquiétant et
reconnut Ezra Gurney. Gurney vit Curt Newton, à l’arrière de la troupe de cinéma et lui fit un
léger clin d’œil. Puis la mâchoire du vieil homme s’affaissa quand il vit Joan Randall.
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