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– Je ne pense pas que des spores d’une telle puissance aient pu complètement<br />
disparaître sans être artificiellement détruits, déclara le <strong>Capitaine</strong> Futur. Mais je ne peux pas<br />
en être sûr tant que nous ne l’avons pas étudiée.<br />
Otho gesticula ironiquement au milieu de la poussière grise qui flottait dans la pièce<br />
faiblement illuminée, comme partout ailleurs.<br />
– Il y en a plein partout à examiner. Tout ce dont tu as besoin c’est d’un microscope<br />
électronique. Et nous ne pouvons pas en avoir, ni quoi que ce soit d’autre fait de métal.<br />
– Videz vos poches, ordonna Curt Newton. Voyons ce que nous pouvons récupérer.<br />
Ils firent un petit tas de leurs possessions, l’inventaire était décourageant. Tout ce qui<br />
avait été métallique avait disparu. Seules les parties plastifiées des choses subsistaient alors<br />
que les parties métalliques étaient détruites.<br />
– Nous avons le manche en plastique d’un couteau, la réserve d’un pistolet atomique,<br />
un gyrocompas sans aiguille ni axe, un chronomètre de poche dont le mécanisme est parti, et<br />
deux ou trois bricoles, dit Otho d’un ton découragé.<br />
– Voyons les lentilles du compas et du chronomètre, dit Curt Newton.<br />
Il les examina. C’étaient de magnifiques lentilles, fabriquées de telle manière que les<br />
deux instruments avaient pu être miniaturisés tout en restant facilement utilisables.<br />
– En fixant ces deux lentilles ensemble à une distance focale correcte, nous aurions un<br />
assez bon microscope, déclara le <strong>Capitaine</strong> Futur. Son front se plissa. Nous allons utiliser ces<br />
boîtes en plastique comme tube.<br />
Il commença à travailler avec les moyens les plus rudimentaires. Les boîtiers en<br />
plastique du chronomètre ruiné et du compas furent rendus malléables par une utilisation<br />
adroite de la chaleur des torches. Pendant qu’Otho et Ezra observaient sceptiques, les doigts<br />
habiles de Newton façonnèrent le plastique mou en une nouvelle forme. Il le roula en une<br />
espèce de tube court et solide, avant qu’il ne durcisse il appliqua les deux lentilles à ses<br />
extrémités. Puis il testa ce petit microscope rudimentaire.<br />
– Ce n’est pas beaucoup mieux qu’une bonne petite loupe, mais ça peut servir. Newton<br />
prit un peu des cendres flottantes et les posa sur le minuscule miroir qu’Otho avait dans son<br />
trousseau de maquillage. Ils disposèrent les torches afin d’obtenir le meilleur éclairage<br />
possible.<br />
Le <strong>Capitaine</strong> Futur examina alors intensément le petit tas de poussière avec sa loupe<br />
improvisée. Il regarda longuement dans le tube, et son visage prit une expression dubitative<br />
quand finalement il releva la tête.<br />
– Je n’ai jamais rien vu de semblable à cette rouille auparavant, dit-il. Cela ressemble à<br />
certaines formes de vie microscopiques, comme des champignons capables de se transformer<br />
en spores qui prolifèrent rapidement dès qu’elles sont mises en contact avec un<br />
environnement favorable. Ce qui est incroyable, c’est que ces spores grises semblent capables<br />
de se nourrir de métal en sécrétant certains éléments chimiques. Ceux-là causent une<br />
incroyable altération électronique des atomes de métal, qui se transforment alors en une<br />
substance organique que les spores peuvent assimiler.<br />
– Attendez une minute, <strong>Capitaine</strong> Futur, lui rappela Ezra Gurney. Souvenez-vous que<br />
je ne suis pas un scientifique.<br />
– Vous pouvez l’imaginer ainsi, Ezra. Newton simplifia ses explications : ces cendres<br />
grises sont de la rouille vivante qui se répand par contagion rapide et se nourrit de tout le<br />
métal qu’elle touche.<br />
– Et, comment allez-vous éliminer une telle rouille ? voulut savoir Gurney.<br />
Curt Newton secoua la tête d’accablement.<br />
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