Lune Magique - Capitaine Flam

– Les poilus nous menacent constamment, ils veulent nous forcer à quitter Styx, se
plaignit Jos Vakos. Ils nous répètent régulièrement que si nous ne partons pas ils lâcheront un
mystérieux Destructeur sur nous. Mais ce ne sont que des balivernes.
Quelqu’un dans la foule bigarrée cria :
– Il y en a deux qui arrivent justement.
– Des Stygians ? s’exclama Jeff Lewis. Je veux leur parler.
A travers la foule amassée autour du Perseus, chevauchaient deux silhouettes qui
étaient presque aussi étranges que les grotesques montures qui les portaient. Les deux
Stygians étaient des hommes mais ils ne ressemblaient à aucune autre race des planètes du
Système. Leur corps était recouvert d’une fourrure blanche et rase. Leur visage était
bizarrement aplati, avec de gros yeux noirs sans pupilles qui donnaient à leur regard un
pouvoir hypnotique. Ils portaient des manteaux gris tissés et n’avaient aucune arme. Leurs
montures étaient comme de grands kangourous blancs qui sautaient rapidement en avant sur
leurs puissantes pattes arrières, elles étaient dirigées au moyen de mors et de rênes.
– Les poilus sont venus voir ce qui se passe, grommela Jos Vakos.
Le Capitaine Futur s’aperçut que l’attitude de la foule envers les deux Stygians était un
mélange de haine et de mépris. Mais les Stygians y semblaient insensibles. Ils se tenaient assis
sur leurs étranges montures et inspectaient attentivement le Perseus et ceux qu’il avait
apportés. Puis l’un des deux s’adressa à son compagnon en chuchotant dans leur dialecte.
Le Capitaine Futur qui restait dans l’anonymat derrière les membres de la troupe
comprenait ce langage. Il savait être le seul de toute cette assemblée à le pouvoir, et aussi
quasiment le seul étranger qui ait jamais été assez proche des Stygians pour apprendre leur
difficile langage.
– Il en arrive plus chaque semaine, dit le Stygian à son compagnon. Plus de machines
interdites et plus de métaux.
– Ca ne doit pas continuer, murmura le second. Même si nous devons pour cela
réveiller le vieux pouvoir, cela doit cesser.
Jeff Lewis parla aux Stygians dans la langue interplanétaire que toutes les races
comprenaient.
– Nous venons en amis, dit-il sincèrement. Et nous aimerions visiter l’une de vos cités
afin de tourner un film.
Le premier Stygian répondit instantanément, dans le même langage basique.
– Vous ne pouvez pas venir.
– Mais nous ne vous voulons pas de mal, protesta Lewis. Cela ne prendra que
quelques jours.
– C’est interdit, répliqua froidement le Stygian. Aucun étranger ne peut apporter de
métal ou des machines dans nos cités. Nous vous demandons de quitter notre monde.
– Ah ! Dites à ce poilu de déguerpir lui-même, interrompit Jos Vakos. Ils viennent
toujours rôder aux alentours pour exiger que nous partions.
Les Stygians tournèrent leurs énormes yeux noirs sans pupilles vers le Jovien.
– Il est vrai que nous ne tuons pas, répondit le Stygian lentement. Mais nous pouvons
répandre sur vous le Destructeur qui vous apportera la ruine, sans verser de sang. Vous avez
été avertis à temps alors partez.
Puis les deux Stygians firent tourner leurs étranges montures et s’éloignèrent de la
foule hilare pour disparaître dans le brouillard.
Le visage carré de Jeff Lewis exprima une forte déception.
– Et voilà nos chances de filmer de vraies scènes stygiannes pour Le Champion de
l’Espace anéanties.
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