Lune Magique - Capitaine Flam

– Peut-être ferions-nous mieux de rentrer, murmura Kin Kurri dubitativement.
– Le chef a dit d’aller dans leur cité et nous irons, grommela Rosson. Ces illusions ne
peuvent pas nous blesser. Et les Stygians sont inoffensifs.
Les efforts de Curt Newton pour rechigner à sa mission avaient échouées. Le coriace
Terrien insistait pour continuer. Le brouillard commençait à s’éclaircir. Ils en sortirent bientôt,
en vue d’un paysage de plaines blanches qui s’étiraient au lointain. Les trois s’arrêtèrent d’un
coup. A cinq cent mètres devant, s’élevait un îlot de tours octogonales de pierres délavées. La
cité stygianne !
Mais ce n’est pas ce qui les stoppa. Juste devant eux se tenait une demi-douzaine de
Stygians qui les observaient. Les hommes à la fourrure blanche et aux yeux vides avaient de
curieux objets semblables à des lentilles de diamant étincelant accrochées à leur front.
– Ce sont ces poilus là qui ont essayé de nous faire fuir avec leurs tours de magie, jura
Rosson.
Le Capitaine Futur savait qu’il en était ainsi. Lors de sa précédente visite sur Styx, il
avait appris l’utilisation de ces étranges lentilles frontales.
Les Stygians, qui ignoraient quasiment tout de la science mécanique, étaient les
maîtres d’une science psychique bien plus vieille que l’histoire. Ils avaient le pouvoir de
projeter des images télépathiques très suggestives, amplifiées et ciblées grâce à ces étranges
lentilles. Ils pouvaient créer de parfaites illusions dans l’esprit d’une autre personne.
Le plus grand des Stygians s’adressa alors aux trois hommes, dans le langage
interplanétaire. Sa voix résonna d’un ton menaçant.
– Vous n’irez pas plus loin. Aucun étranger ne peut approcher notre capitale, Dzong.
Rosson donna un coup de coude à Curt Newton.
– Fais ce que tu dois faire, Carson. Dis leur que tu es leur ami, le Capitaine Futur.
Newton s’avança, il retournait le problème dans sa tête. Il devait essayer d’incarner le
Capitaine Futur –lui-même– puisque Rosson et Kin Kurri le regardaient. Et pourtant son
interprétation devait rater.
Il parla avec hésitation aux Stygians dans la langue interplanétaire.
– Vous souvenez-vous de moi ? Je suis le Capitaine Futur. Vous m’aviez dit que nous,
les Futuristes, serions toujours les bienvenus sur votre Monde.
Le chef des Stygians s’avança. Il scruta Curt Newton longuement. Alors une excitation
illumina ses yeux.
– C’est le Capitaine Futur, cria-t-il à ses compagnons. Puis il s’adressa abruptement
dans son langage natif à Curt Newton, en un flot de mots enthousiastes.
– Nous ne savions pas que vous étiez de retour sur notre monde. Vous et vos amis
serez toujours les bienvenus dans notre cité, Dzong.
Curt Newton comprit parfaitement le langage du Stygian. Mais il prit un air perplexe
et se retourna, désespéré, vers Rosson et Kin Kurri.
– Je ne comprends pas ce qu’il dit, dit-il en prétendant être paniqué.
– Diable, ça va tout faire rater, jura Rosson. Dis-lui que tu as oublié son langage.
Curt Newton obéit, et s’adressa au Stygian dans la langue interplanétaire.
– Ca fait longtemps que je ne suis pas venu ici et j’ai peur d’avoir oublié votre langue.
– C’est étrange parce que vous parliez stygian à la perfection la fois précédente, dit le
chef.
– Peut-être que cet homme n’est pas le vrai Capitaine Futur, Th’Thaan, avertit l’un des
Stygian. C’est peut-être un piège.
– Nous saurons bientôt la vérité, répondit le chef nommé Th’Thaan. Il se retourna
brusquement sur Curt Newton. Regardez !
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