Lune Magique - Capitaine Flam

Finalement, la cité stygianne apparut dans le brouillard. Les contours des tours
octogonales en pierre étaient vaguement illuminés par la faible lueur de la planète mère. Des
torches brûlaient le long des rues de Dzong, mais malgré la poussière grise qui était dans l’air,
ici comme partout ailleurs, rien dans cette cité de pierres ne semblait avoir souffert.
– La sagesse de nos pères, murmura le vieux Qu’Lur à Curt Newton en traversant les
portails du mur d’enceinte, nous a mis en garde de ne jamais dépendre des machines et des
choses de métal. Ainsi si nous devions relâcher le Destructeur un jour, nous ne serions pas
affectés.
C’était vrai. La civilisation sans mécanique ni métal des Stygians n’avait aucunement
souffert de la rouille qui se répandait sur le monde entier.
A la lueur des torches, des centaines de Stygians aux yeux écarquillés regardaient les
réfugiés descendre des montures. Les Terriens observèrent la cité autour d’eux.
– Et nous allons passer le reste de notre vie ici, murmura Jim Willard.
– Je veux retourner sur Terre, gémit Lura Lind. Jeff, tu dois me faire rentrer là-bas, tu
m’entends ? Le Perseus nous ramènera.
Jeff Lewis secoua la tête gravement.
– Tout ce qui reste du Perseus maintenant, c’est une poignée de cendres grises. Le
vaisseau et tout notre équipement cinématographique, et le film pour lequel nous avons
tellement travaillé…
– Le film devrait être intact, chef, assura Lo Quior, plein d’espoir. Les bandes
d’enregistrement ne sont pas métalliques et elles sont enfermées dans des boîtes en plastique
pour les protéger de la chaleur et de l’humidité.
Le réalisateur sourit amèrement.
– Quelle différence cela fait-il maintenant qu’elles soient intactes ou non ? Nous ne
pourrons jamais montrer Le Champion de l’Espace à personne.
Qu’Lur désigna les bâtiments dans lesquels les gens des autres planètes, affligés,
seraient cantonnés.
– Qu’Lur, qu’allez-vous faire si la meute de Planet Town vient ici vous
attaquer ? demanda le Capitaine Futur.
– Nous devrons utiliser nos pouvoirs défensifs d’illusions et d’hypnose pour les
repousser, répondit le vieux Stygian.
– Une meute pareille ne sera pas effrayée par vos illusions, dit Ezra Gurney.
Qu’Lur répondit solennellement.
– Nous avons toujours vécu selon les principes de non-violence. C’est notre loi.
Quand il fut parti, Ezra Gurney regarda sceptiquement Curt Newton et Otho.
– Les perspectives ne sont pas encourageantes, dit-il d’une voix traînante.
– Chef, tu ne faisais que rassurer Joan tout à l’heure ou tu penses vraiment qu’on a une
petite chance de quitter Styx ? demanda Otho.
Le Capitaine Futur fronça les sourcils.
– C’est un faible espoir, j’en ai peur. Mais je me base sur le fait que les ancêtres des
Stygians ont déjà lâché une fois au moins cette rouille, il y a très longtemps.
– Et alors ? riposta Otho.
– En supposant qu’ils ont lâché la rouille, il y a longtemps… dit Curt Newton
doucement. La rouille n’était pas présente dans l’air récemment. Ca veut dire que les anciens
Stygians devaient savoir comment s’en débarrasser une fois son action de défense terminée.
Ils doivent avoir eu connaissance d’un moyen de détruire le Destructeur.
– Tu négliges la possibilité que la rouille ait pu doucement s’altérer et s’évanouir au
cours des âges, pointa Otho.
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