Lune Magique - Capitaine Flam

– Les Stygians, cria Ezra Gurney, stupéfait. Les Stygians se battent.
Qu’Lur, les yeux enragés, menait les hommes de la lune et les exhortaient d’une voix
perçante.
– Frappez pour tuer, criait le vieux Stygian. Ils veulent nous tuer et nous réduire en
esclavage. Il vaut mieux prendre la vie que d’être esclave.
Le Capitaine Futur sut que le vieux principe de non-violence des Stygians avait
échoué, comme il échouait toujours face à des prédateurs. En cette heure fatidique, les
hommes de la lune reconnaissaient que leur tradition pacifique avait été leur erreur fatale.
Et les Stygians, qui n’avaient jamais combattu de leurs vies, se battaient maintenant
comme des démons. Ils n’avaient aucune arme, mais ils utilisaient des pierres ou se jetaient à
mains nues dans la mêlée saisissant les gorges de leurs agresseurs.
– Tuez les poilus ! L’ordre féroce s’empara des envahisseurs.
Les Stygians tombèrent par douzaines en s’engageant à main nues dans le combat
contre les sarbacanes et les massues des attaquants.
– Repoussez-les, aboya Su Thuar, exultant. Sa voix perça la mêlée. Nous gagnons !
Le Capitaine Futur fou furieux brandit son épée de verre à travers la mêlée pour
atteindre le Vénusien.
Mais les armes et l’effectif des attaquants venaient à bout de ses quelques hommes et
des Stygians enragés mais desarmés, les repoussant du portail brisé. Les brutes envahissaient
la cité. Elles encerclaient Curt Newton et ses compagnons maintenant. Ces derniers formaient
un petit noyau de résistance et s’efforçaient vainement de contenir le flot des envahisseurs.
Curt Newton, poignardant furieusement dans la meute hétéroclite, entrevit Jim Willard
recevoir un dard dans la jambe et tomber. Ezra Gurney fut touché par un coup de massue et
s’effondra sur les pavés.
– Aide-le Otho, hurla Curt Newton, essayant lui-même de protéger Gurney.
Mais à ce moment là, Otho fut assailli par une douzaine d’attaquants qui s’abattirent
en surnombre sur le terrifiant androïde. Le Capitaine Futur se précipita en avant, et sa lame de
verre trancha en deux le cercle des assaillants d’Otho. Son épée rencontra une massue et se
brisa.
– Attention, Futur ! s’écria Jim Willard blessé derrière lui.
Curt Newton se retourna, son épée brisée dans la main, juste à temps pour entrevoir le
gros Uranien qui allait le frapper par derrière avec sa massue. Il plongea la garde de son épée
et la vit s’enfoncer dans le visage jaune de l’Uranien. Mais au même instant, la lourde massue
finit sa course et frappa la tête de Curt Newton. Les ténèbres enveloppèrent son cerveau.
Quand Curt Newton reprit ses esprits il était étendu à terre, la lumière du soleil dans
les yeux. Le soleil ? Oui, les brumes mouvantes s’étaient enfin levées. Mais trop tard. La cité
était tombée face à la meute de Su Thuar, et les Stygians qui avaient survécu fuyaient les
envahisseurs brutaux et triomphants qui les pourchassaient à travers les rues pavées. Le
Capitaine Futur essaya de se relever. Mais il découvrit que ses mains étaient liées. Il était sur
la place centrale de Dzong, et Otho était ligoté à côté de lui, et non loin Joan Randall était
sous bonne garde. Su Thuar contemplait le Capitaine Futur, ses yeux flamboyaient.
– Relevez-les ! ordonna le criminel vénusien.
Curt Newton et Otho furent rudement remis sur pieds par les gardes qui les
surveillaient. Su Thuar ricana doucement.
– Je veux que vous, les Futuristes soyez conscients quand je vous tuerai, dit-il à Curt
Newton. Je veux que vous payiez le prix pour ce que vous avez fait à mon frère et à moi.
Le Capitaine Futur ne répondit pas. Ses yeux étaient désespérément fixés sur le grand
héliographe de la place, ses volets ouverts brillaient ironiquement sous les faibles rayons du
soleil. Il pouvait entendre le ronronnement grinçant de son générateur de radiation à
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