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Introduction à la pensée d'Alain Badiou. Les quatre ... - Nessie

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38 Angelina Uzín Olleros<br />

Dans un passage de son œuvre Holzwege (Sentiers de <strong>la</strong> forêt),<br />

Heidegger reprend <strong>la</strong> question d’Hölderlin : « . . .<strong>à</strong> quoi bon des<br />

poètes en des temps de pénurie ? ».<br />

C’est Heidegger qui rétablit l’autonomie du poème ; le poème,<br />

tel que <strong>Badiou</strong> l’explique, relève <strong>la</strong> philosophie de thèmes fondamentaux<br />

lors du temps de « pénurie », au XIXe siècle, quand <strong>la</strong><br />

philosophie est attrapée par <strong>la</strong> science positiviste ou par <strong>la</strong> politique<br />

marxiste. Voil<strong>à</strong> l’analyse faite par Heidegger et son appel <strong>à</strong><br />

ce que <strong>la</strong> poésie ne renonce ni au sacré ni <strong>à</strong> sa véritable fonction.<br />

« Dès lors, les ‘poètes en temps de pénurie’ doivent dire expressément<br />

et poétiquement l’essence de <strong>la</strong> poésie. Où ce<strong>la</strong> est vrai,<br />

on peut présumer une poésie adaptée <strong>à</strong> <strong>la</strong> destinée de l’époque.<br />

Nous, le reste, nous devons apprendre <strong>à</strong> écouter le dire de ces<br />

poètes. A supposer que nous ne nous tromperons pas en négligeant<br />

ce temps qui cache l’être en l’abritant, puisque nous ne<br />

calculons le temps qu’<strong>à</strong> partir de ce qui est entité, puisque nous<br />

le démembrons ». 13<br />

La modernité est <strong>la</strong> fuite des dieux qui marquent <strong>la</strong> limite de<br />

l’humain. Faute de dieux, l’humain est dépouillé de tout mystère<br />

et l’homme construit un monde technicisé, ontologiquement vide<br />

de son être.<br />

« Le temps est de pénurie parce qu’il lui manque le dévoilement<br />

de l’essence de <strong>la</strong> douleur, de <strong>la</strong> mort et de l’amour. Il est<br />

indigent jusqu’<strong>à</strong> <strong>la</strong> propre pénurie parce qu’il fuit le domaine essentiel<br />

auquel <strong>la</strong> douleur, <strong>la</strong> mort et l’amour appartiennent. L’occultation<br />

existe dans <strong>la</strong> mesure où le domaine de cette appartenance<br />

est l’abîme de l’être. Mais il reste encore le chant, qui<br />

nomme <strong>la</strong> terre. Qu’est-ce que le propre chant ? Comment il se<br />

peut qu’un mortel en soit capable ? Depuis où le chant chante-til<br />

? Jusqu’<strong>à</strong> quel point pénètre-t-il dans l’abîme ? ». 14<br />

Comme « aletheia », <strong>la</strong> vérité est <strong>la</strong> possibilité de dévoiler l’être.<br />

Cependant, ce dévoilement n’est plus l’œuvre de <strong>la</strong> philosophie,<br />

mais il est <strong>la</strong> tâche de <strong>la</strong> poésie. Heidegger dit que pour les poètes,<br />

les choses perdent leur caractère habituel, parce que l’art ne prétend<br />

ni définir ni expliquer scientifiquement le monde, il ne s’écarte<br />

13. Heidegger, Martín. Holzwege. Edition espagnole : Caminos de bosque. Page<br />

243.<br />

14. Heidegger, M. Holzwege. Page 244 version espagnole.

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