Introduction à la pensée d'Alain Badiou. Les quatre ... - Nessie

60 Angelina Uzín Olleros
Selon Fabien Tarby : « On a souvent dit que la philosophie,
pendant des siècles affaire masculine, s’était toujours distinguée
par son incapacité à penser le féminin. Ou bien la femme se trouvait
réduite, la philosophie ne faisant pas exception, aux préjugés
de l’époque ; ou bien la puissance spéculative propre à la philosophie
se désintéressait de la sexuation sous le couvert de l’Homme
en général, de l’humanité. Même le Dasein de l’analytique existentiale
de Heidegger semble étrangement a-sexué ». 30
Dans le poème de Raúl Scalabrini Ortíz ci-dessous, on peut
lire la référence au numéro deux, aux nombres que les êtres humains
sont, en définitive, chacun séparément et tous ensemble.
L’homme passe comme un nombre entre les nombres, entier et
personnel pour soi-même, « personne » pour les autres. Son éternité
est marquée par le chant qu’il écoute, le chant du langage
qui le marque et qui le fait devenir un animal symbolique. Cette
expérience d’éternité est ce que Badiou dénomme « l’immortel »
chez l’homme, l’immortalité de la permanence de l’humain dans
le monde.
Pasaba como un número entre los números Il passait comme
un nombre entre les nombres
Era el sin nada y el de nadie, Il n’avait rien et n’appartenait à
personne,
Tan para sí entero y personal Si entier et si personnel pour luimême,
Tan nadie de afuera para otros Si étranger, si « personne » pour
les autres.
Jamás figurará su nombre Jamais prodige d’événement
en prodigio de hechos. ne portera son nom.
Ni su efigie ornará la sombra del pasado Ni son effigie n’ornera
l’ombre du passé,
Pero él ya tiene una eternidad Mais il a déjà atteint son éternité
En el canto que sólo su corazón escucha, Dans le chant que seul
son coeur écoute,
Canto que pasa y queda Un chant qui passe et qui reste,
Como la lozanía que el rayo de sol Comme la luxuriance que le
rayon de soleil
30. Tarby, Fabien. La philosophie d’Alain Badiou. Page 173.