Introduction à la pensée d'Alain Badiou. Les quatre ... - Nessie
Introduction à la pensée d'Alain Badiou. Les quatre ... - Nessie
Introduction à la pensée d'Alain Badiou. Les quatre ... - Nessie
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
L’invention politique 51<br />
sée afin de réussir une solution des affrontements au moyen du<br />
consensus.<br />
Dans son livre intitulé L’éthique. Essai sur <strong>la</strong> conscience du mal,<br />
A. <strong>Badiou</strong> expose une critique des conceptions éthiques de ce<br />
signe ainsi que de celles qui centrent leur analyse autour des<br />
notions « d’altérité » ou de « différence ». Ces propositions expriment<br />
toutes une éthique organisée <strong>à</strong> partir de l’idée du Mal<br />
et elles mènent <strong>à</strong> présenter le sujet de l’éthique comme une victime<br />
potentielle ou en acte. La notion du Bien devient ainsi une<br />
notion universelle – opposée <strong>à</strong> celle du mal – qui se correspond<br />
avec <strong>la</strong> conception d’un sujet transcendantal ou d’une substance<br />
immanente <strong>à</strong> <strong>la</strong> condition humaine.<br />
L’éthique de l’altérité affirme que :<br />
Quand l’autre n’est qu’un miroir dans lequel l’on se regarde<br />
soi-même et <strong>à</strong> partir de ce<strong>la</strong>, on reconnaît son humanité, ce n’est<br />
pas l’autre qui apparaît face <strong>à</strong> nous, mais seulement ce que nous<br />
voulons reconnaître de nous en lui. C’est quand on apprend <strong>à</strong><br />
regarder l’autre comme quelqu’un en soi-même, qu’on peut le<br />
découvrir. C’est le moment où l’on peut distinguer son propre<br />
visage <strong>à</strong> lui.<br />
Pouvoir apprécier le véritable visage de l’autre, essayer de le<br />
comprendre, de l’interpréter, de l’interpeller dans son intériorité,<br />
signifie essayer de prendre sa p<strong>la</strong>ce, et regarder l’univers d’après<br />
son propre point de vue. L’autre est toujours différent et ce sont<br />
les différences celles qui enrichissent notre regard. Pourtant, cet<br />
effort pour nous « altériser » peut devenir une obsession.<br />
Si <strong>la</strong> préoccupation envers autrui ne respecte pas leur liberté<br />
et n’admet pas leur dignité, elle devient <strong>la</strong> colonisation de l’autre.<br />
Ce<strong>la</strong> empêche que leur singu<strong>la</strong>rité puisse se développer librement<br />
et condamne l’autre <strong>à</strong> <strong>la</strong> violence de se trahir soi-même.<br />
Friedrich Nietzsche dit que <strong>la</strong> véritable trahison c’est <strong>la</strong> trahison<br />
de soi-même, et qu’elle a lieu quand on méprise notre propre<br />
désir au profit de celui d’un autre. Dans <strong>la</strong> volonté du pouvoir, on<br />
oblige l’autre <strong>à</strong> accomplir notre objectif et dans cette imposition<br />
on l’annule.<br />
Certes, nous sommes « habités » par d’autres, mais ce<strong>la</strong> entraîne<br />
le risque de nous trouver envahis, colonisés, aliénés par le<br />
pouvoir de l’autre. C’est dans ce sens que Nietzsche déc<strong>la</strong>re que