Introduction à la pensée d'Alain Badiou. Les quatre ... - Nessie
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46 Angelina Uzín Olleros<br />
n’est pas en rapport avec le fait de pardonner. Mais <strong>la</strong> compréhension<br />
est en rapport avec le besoin d’établir un jugement auprès<br />
des faits qui se sont produits dans le passé. Tout ce<strong>la</strong> va nous permettre<br />
d’aborder un présent qui ne reproduira pas les politiques<br />
totalitaires qui ont soumis l’humanité dans <strong>la</strong> crainte et l’horreur.<br />
Le dispositif d’Arendt, conçu comme avis philosophique, est<br />
évidemment encadré par <strong>la</strong> manière parlementaire de <strong>la</strong> politique.<br />
L’essence de <strong>la</strong> politique, selon <strong>Badiou</strong>, n’est pas <strong>la</strong> pluralité<br />
des avis. C’est <strong>la</strong> prescription d’une possibilité en rupture avec ce<br />
qu’ils ont. Évidemment, l’exercice ou l’essai de cette prescription<br />
et des déc<strong>la</strong>rations qu’il domine (le tout sous l’autorité d’un événement<br />
écarté) passe par des discussions. Mais non seulement<br />
ici. <strong>Les</strong> déc<strong>la</strong>rations, les interventions et les organisations sont<br />
plus importantes.<br />
En réalité, si <strong>la</strong> prescription politique n’est pas explicite, des avis<br />
et les discussions sont inévitablement sous le joug invisible d’une<br />
prescription implicite, ou déguisée. Or, nous savons qu’ce qu’il y <strong>à</strong><br />
<strong>la</strong> base de ou <strong>à</strong> quoi répond toute prescription déguisée : <strong>à</strong> l’État,<br />
et aux politiciens qui sont organisés autour de lui. Ainsi présenté<br />
comme <strong>la</strong> philosophie d’une politique de <strong>la</strong> pluralité, de <strong>la</strong> résistance<br />
au mal et de <strong>la</strong> valeur du jugement, ce néokantisme tellement<br />
spécial n’est déj<strong>à</strong> pas un philosophème adéquat pour les<br />
aux prescriptions dont on nourrit l’État parlementaire. Il exige de<br />
rompre avec <strong>la</strong> philosophie politique, dans le sens d’Arendt et de<br />
commencer par le début : <strong>la</strong> reconnaissance de ce que <strong>la</strong> politique<br />
elle-même, dans son être, dans son faire, est une <strong>pensée</strong>.<br />
A<strong>la</strong>in <strong>Badiou</strong> affirme que <strong>la</strong> métapolitique est un appel <strong>la</strong>ncé<br />
au philosophe, l’invitant <strong>à</strong> p<strong>la</strong>cer son travail sous les conditions<br />
de <strong>la</strong> <strong>pensée</strong> politique. Qu’est-ce que ce<strong>la</strong> implique ? Rien de<br />
moins que <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> philosophie politique. « Par ’métapolitique’,<br />
je comprends les effets qu’une philosophie peut obtenir, dans ellemême,<br />
du fait que les politiques réelles sont des <strong>pensée</strong>s. Ce qui<br />
est métapolitique s’oppose <strong>à</strong> <strong>la</strong> philosophie politique, selon <strong>la</strong>quelle,<br />
puisque les politiques ne sont pas des <strong>pensée</strong>s, il est au<br />
philosophe <strong>à</strong> qui il revient de penser ’le’ politique ».<br />
Sans être inscrit dans un processus de militantisme, le philosophe<br />
qui se croit spécialiste de <strong>la</strong> politique en s’accordant sur elle<br />
les pleins pouvoirs d’analyse et en déterminant de l’extérieur les