Introduction à la pensée d'Alain Badiou. Les quatre ... - Nessie
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L’amour comme condition de <strong>la</strong> philosophie 61<br />
Deja en <strong>la</strong> tierra que acaricia Laisse sur <strong>la</strong> terre qu’il caresse.<br />
¡Qué juntos mundos estamos Comme nous sommes ensemble,<br />
Entre los dos haciendo ! Entre les deux bâtissant des mondes !<br />
El un número y yo el otro. Lui, un nombre ; et moi, l’autre.<br />
Raúl Sca<strong>la</strong>brini Ortíz 31<br />
Jacques Lacan fait recours <strong>à</strong> <strong>la</strong> mythologie grecque pour rendre<br />
compte de ses manifestations sur l’amour, sur le mythe de l’amour<br />
qui reflète les problèmes de <strong>la</strong> division ou séparation entre les<br />
sexes, et sur <strong>la</strong> différence entre eux. Au moyen du « virage linguistique<br />
» vers <strong>la</strong> psychanalyse freudienne, il renvoie <strong>à</strong> <strong>la</strong> narration<br />
philosophique pour montrer comment l’inconscient se structure<br />
dans le <strong>la</strong>ngage. Mais Lacan ne philosophe pas, il se sert de<br />
<strong>la</strong> philosophie pour dévoiler dans ses interstices les vides, les paradoxes,<br />
les apories, qui transforment <strong>la</strong> recherche érudite en le<br />
mythe fondateur de <strong>la</strong> science, très éloigné de <strong>la</strong> vérité.<br />
Tel que <strong>Badiou</strong> dialogue avec P<strong>la</strong>ton, avec Cantor, avec Heidegger,<br />
il le fait aussi avec Lacan. Il peut ainsi prendre quelques unes<br />
de leurs catégories d’analyse et s’éloigner ensuite de <strong>la</strong> signification<br />
originale chez leurs auteurs pour rendre compte de sa propre<br />
théorie.<br />
L’amour dans <strong>la</strong> tradition grecque. Eros est défini par Hésiode<br />
comme une force originaire qui « . . . détend les membres et domine,<br />
<strong>à</strong> l’intérieur de leurs coeurs, <strong>la</strong> volonté des dieux et des<br />
hommes. . . ». Encore pour Hésiode, ce sont <strong>quatre</strong> les forces qui<br />
rendent possible, <strong>à</strong> l’origine, le monde et les choses. La première<br />
de ces forces est khaos (le chaos) ; <strong>la</strong> deuxième, gaia (<strong>la</strong> terre)<br />
et <strong>la</strong> troisième, tartaros. Eros représente <strong>la</strong> quatrième force, force<br />
originaire qui rend possible <strong>la</strong> reproduction (<strong>la</strong> genèse) de tous<br />
les éléments de <strong>la</strong> nature.<br />
Dans l’amour, ce que chaos a de plus divin devient désir, aime<br />
et est aimé. L’amour est le grand désir ; dans sa présence, chaque<br />
force sort de elle-même pour aller <strong>à</strong> <strong>la</strong> rencontre d’une autre<br />
force, <strong>la</strong>issant derrière sa solitude. Faute d’amour, les premiers<br />
dieux seraient restés sans descendance, même ceux qu’au début<br />
avaient pu engendrer par eux-mêmes, comme c’était le cas de<br />
31. Sca<strong>la</strong>brini Ortíz, Raúl. Tierra sin nada tierra de profetas. Devociones para<br />
el hombre argentino. [Terre sans rien terre de prophètes. Dévotions pour l’homme<br />
argentin]. Éditorial Plus Ultra. Buenos Aires. 1973. Page 80.