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LES CARACTÈRES - Oasisfle

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pense, ou qui soit plus noble et plus parfaite que ce qui pense ;<br />

et si cette nature ainsi faite est matière, l’on doit encore<br />

conclure que c’est une matière universelle qui pense, ou qui est<br />

plus noble et plus parfaite que ce qui pense.<br />

Je continue et je dis : Cette matière telle qu’elle vient d’être<br />

supposée, si elle n’est pas un être chimérique, mais réel, n’est<br />

pas aussi imperceptible à tous les sens ; et si elle ne se découvre<br />

pas par elle-même, on la connaît du moins dans le divers arrangement<br />

de ses parties qui constitue les corps, et qui en fait la<br />

différence : elle est donc elle-même tous ces différents corps ; et<br />

comme elle est une matière qui pense selon la supposition, ou<br />

qui vaut mieux que ce qui pense, il s’ensuit qu’elle est telle du<br />

moins selon quelques-uns de ces corps, et par suite nécessaire,<br />

selon tous ces corps, c’est-à-dire qu’elle pense dans les pierres,<br />

dans les métaux, dans les mers, dans la terre, dans moi-même,<br />

qui ne suis qu’un corps, comme dans toutes les autres parties<br />

qui la composent. C’est donc à l’assemblage de ces parties si terrestres,<br />

si grossières, si corporelles, qui toutes ensemble sont la<br />

matière universelle ou ce monde visible, que je dois ce quelque<br />

chose qui est en moi, qui pense, et que j’appelle mon esprit : ce<br />

qui est absurde.<br />

Si au contraire cette nature universelle, quelque chose que<br />

ce puisse être, ne peut pas être tous ces corps, ni aucun de ces<br />

corps, il suit de là qu’elle n’est point matière, ni perceptible par<br />

aucun des sens ; si cependant elle pense, ou si elle est plus parfaite<br />

que ce qui pense, je conclus encore qu’elle est esprit, ou un<br />

être meilleur et plus accompli que ce qui est esprit. Si d’ailleurs<br />

il ne reste plus à ce qui pense en moi, et que j’appelle mon esprit,<br />

que cette nature universelle à laquelle il puisse remonter<br />

pour rencontrer sa première cause et son unique origine, parce<br />

qu’il ne trouve point son principe en soi, et qu’il le trouve encore<br />

moins dans la matière, ainsi qu’il a été démontré, alors je ne<br />

dispute point des noms ; mais cette source originaire de tout<br />

– 439 –

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