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J'ai mang l'innocence - elgweb.com

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" J’ai <strong>mang</strong>é l’innocence "<br />

(Erwan Le Goffic)<br />

Une fois ma clope aspirée en un temps toujours trop court, j’ai pris la direction<br />

de l’amphi, et en y entrant, j’ai constaté, avec un certain soulagement, que mes<br />

trois <strong>com</strong>parses s’y trouvaient déjà.<br />

— Salut !<br />

Les trois se sont retournés aussitôt, et ont affiché un grand sourire en me<br />

voyant, ça faisait du bien. J’étais tout de même un peu étonné par leur<br />

disposition : Normalement ma place était aux côtés de Carole, Julien et<br />

Guillaume étant juste à la table au-dessus. Mais là, Julien avait pris ma place…<br />

J’ai trouvé néanmoins plus opportun de ne pas relever la chose. Et puis si lui et<br />

Carole voulaient se mettre côte à côte, bien libre à eux finalement.<br />

— Ah ben, c’est cool, tu es venu, je m’inquiétais un peu… Tu as mon<br />

classeur au fait ?<br />

J’ai à peine eu le temps de le lui remettre que le prof était déjà arrivé, la<br />

discussion ne dura donc pas beaucoup plus longtemps. Je me suis assis à côté<br />

de Guillaume, celui-ci me demanda ce qui m’était arrivé… Je n’ai juste eu<br />

l’occasion que de formuler une ou deux phrases à voix basse avant que Julien<br />

ne se retourne, l’index levé devant la bouche pour nous sermonner d’un « chut »<br />

réprobateur.<br />

« Bienvenu chez les coincés » j’ai pensé avant de prendre mon crayon et<br />

d’écouter « monsieur le professeur ».<br />

La journée s’écoula tant bien que mal, et je vous épargne les étonnements<br />

forcés ou non de Guillaume et de Julien quand je leur annonçais que je m’étais<br />

fait tabasser dans la rue. J’ai dû aussi raconter mon histoire à certains, qui en me<br />

croisant, n’ont pu s’empêcher de s’étonner de ma tête cabossée et de me<br />

demander ce qui m’était arrivé. Alors à chacun je déballais mon récit… D’ailleurs,<br />

je suppose que vous connaissez déjà ce sentiment : celui d’être un peu un<br />

magnétophone vivant. Par exemple si vous vous absentez du boulot pendant<br />

quelques jours, vous pouvez être sûr qu’à votre retour, beaucoup vous<br />

demanderont ce que vous avez fait. Et là vous raconterez autant de fois qu’on<br />

vous le demandera la même histoire, inlassablement, patiemment, en faisant<br />

semblant d’y prendre un peu plaisir, car finalement on se dit qu’au moins les<br />

gens s’intéressent un peu à vous. En tout cas c’était un peu mon cas, et après<br />

mon coup de blues du matin en arrivant, je n’allais pas cracher dans la soupe.<br />

Pendant la pause du midi, après être rentré du restau universitaire, j’ai aperçu<br />

Frank à l’autre bout d’un couloir : J’ai alors fait en sorte de changer de direction<br />

le plus naturellement possible… et après avoir tourné au coin, j’ai filé aux<br />

toilettes qui étaient tout proches et je me suis enfermé dans une cabine pendant<br />

quelques minutes, là au moins il n’allait pas me retrouver. Ça m’a permis au<br />

passage de me calmer, de faire passer le coup de stress que je venais d’avoir en<br />

le voyant : En revenant à l’IUT, ce que je redoutais le plus était assurément de le<br />

revoir. Ce gars-là m’avait rendu la vie impossible pendant près de deux mois, et<br />

je lui avais pété dans les mains le jour où il avait accepté qu’on se réconcilie.<br />

Alors vous croyez quoi vous ? que je devrais aller le voir <strong>com</strong>me un grand et tout<br />

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