J'ai mang l'innocence - elgweb.com
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" J’ai <strong>mang</strong>é l’innocence "<br />
(Erwan Le Goffic)<br />
Ainsi, j’ai quitté le devant de la pharmacie pour me diriger vers un arrêt de bus<br />
pas trop loin de là : Je voulais aller dans l’est de Nantes, il y avait par là-bas une<br />
grande zone industrielle et <strong>com</strong>merciale, et je pensais bien pouvoir y trouver un<br />
magasin de jardinage.<br />
Dans de grands bacs blancs posés à hauteur de taille, les pots serrés les uns<br />
contre les autres, bégonias, gentianes, œillets, offraient un vrai festin pour les<br />
yeux. Toutes en pleine santé, toutes présentant leurs couleurs éclatantes. Je<br />
suis resté un bon petit moment à aller et venir dans ces rangées, à admirer ce<br />
feu d’artifice floral sans arriver à m’en lasser. Mais je n’étais pas venu pour ça,<br />
j’étais venu y chercher des gants de jardinage, j’ai donc fini par abandonner le<br />
spectacle coloré des fleurs pour aller m’enfoncer dans les rayons, bien plus<br />
sobres, de l’outillage. J’y dégottai ma paire de gants sans grand-peine. Sur<br />
l’étiquette était inscrit « Gants docker, gros travaux, croûte de bovin » : Ils<br />
couvraient bien les poignets et étaient guindés d’un tissu épais. Au premier<br />
abord ils paraissaient un peu rigides, mais on les devinait bien solides.<br />
Ça me semblait suffisant pour faire face aux crocs acérés du Trébor.<br />
Quittant le rayon dans lequel j’avais trouvé mes gants, je suis passé devant<br />
les outils de jardinage, et là ça m’a de suite interpellé : faucilles, scies à bûche,<br />
serpettes, machettes, sécateurs, cisailles… De quoi couper bien autre chose que<br />
des branches. Et ça tombait bien car j’allais en avoir besoin pour découper<br />
Trébor le Yorkshire. Je n’ai d’ailleurs pas eu longtemps à regarder pour flasher<br />
sur un des articles : Une scie à élaguer rétractable, au manche creux en<br />
plastique dur : la lame rentrait dedans et pouvait en être sortie puis immobilisée à<br />
l’aide d’une vis de blocage, à la manière d’un gros (mais alors très gros) cutter.<br />
La lame, d’une vingtaine de centimètres, était un peu recourbée, avec deux<br />
rangées de dents en biseau, chacune pointant d’un côté opposé à l’autre. Je l’ai<br />
appuyée un peu sur mon bras pour voir, et j’ai bien senti les dents me mordre la<br />
peau sans avoir du tout besoin de forcer (les dents faisaient à vue de nez<br />
presque trois millimètres : la mâchoire d’un prédateur féroce !)… Je n’imaginais<br />
même pas les dégâts que ça pouvait provoquer si je me m’étais à faire du va et<br />
vient avec l’objet. En plus une fois repliée, ça ne prenait pas de place et c’était<br />
très léger, vraiment nickel. Avant de partir j’en ai aussi profité pour acheter un<br />
petit sécateur (je me suis dit que ça pourrait être pratique pour faire sauter les<br />
articulations des os quand je le dépècerai), puis je suis passé en caisse avec<br />
tout mon matériel de… jardinage.<br />
Ensuite s’en est suivie pour moi une période de plusieurs jours pendant<br />
laquelle j’ai hésité, tergiversé… En effet ce n’était pas évident : Quand valait-il<br />
mieux que j’entre par effraction chez eux ? De jour ? on aurait pu me voir… Et si<br />
je restais à guetter leurs allées et venues pour voir quand ils n’étaient pas dans<br />
leur maison ? Mais j’aurais fini par me faire remarquer aussi, ils me<br />
connaissaient, je ne pouvais pas passer près de chez eux incognito. Non, le<br />
mieux c’était la nuit, quand ils dormaient. Le problème dans ce cas, c’était le<br />
chien qui pouvait se mettre à aboyer et les réveiller. Mais, j’avais déjà assez fait<br />
tourner et retourner le problème dans ma tête <strong>com</strong>me ça, de toute façon je<br />
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