J'ai mang l'innocence - elgweb.com

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" J’ai mangé l’innocence " (Erwan Le Goffic) — Ah bon ? Le gaz ? — Oui. — Mais quand je me suis endormi, je me rappelle pas qu’y en avait. (improviser… improviser !) — Eh bien… j’ai senti l’odeur en partant. — Ah bon ? Mais t’as fait quoi alors ? — Ben j’ai trouvé du scotch dans un des tiroirs, et j’en ai mis plein autour de la fuite, sur le tuyau. — Ah bon. — Oui, et comme j’avais peur que ça ne suffise pas, j’ai préféré ne pas te laisser là-bas, c’est pour ça que je t’ai ramené chez moi. — Ah… — Mais au fait tu te rappelles quand on est rentré ? — Oui. Heu… les policiers ? C’est ça ? — Voilà. Et avant aussi ? — Oui, la neige et tout… C’était beau ! — Et avant ? — Ben je dormais, c’est toi qui m’as réveillé pour aller chez toi. — Ah oui c’est vrai. J’en déduisais qu’il ne se souvenait pas que son frère avait été là-bas la veille. — Et puis pour le gaz, il faudra que j’aille sûrement ce matin à l’appartement, je prendrais rendez-vous avec un plombier tout à l’heure. — Ah d’accord. Mon excuse était vraiment pourrie… Enfin : laisser un tuyau de gaz juste colmaté avec du scotch… non, ça n’était pas vraiment très crédible… Même si c’était la nuit, j’aurais dû appeler les pompiers au téléphone et ils m’auraient sûrement donné le numéro d’un plombier de garde ou je ne sais quoi. Mais bon, Christophe, lui, avait cru à mon histoire… Sans vouloir être méchant, c’est vrai que j’avais de la chance qu’il soit un peu « différent » pour qu’il gobe mes excuses pourries. — Au fait, tu as l’air encore bien fatigué… — Heu… oui, c’est vrai. — Si tu veux dormir encore un peu, ne te gêne pas. — Oh, je sais pas si j’ai envie… — T’es sûr ? — Oui, j’ai déjà assez dormi comme ça. — D’accord… Et tu veux faire quoi maintenant ? — Je sais pas… On va pas prendre le train tout à l’heure ? Ah oui le train ! C’est vrai qu’à la base, il était prévu qu’on aille lui et moi à Pornichet… Pris de cours, je me suis rabattu sur mon excuse du moment : — Oui, mais je dois d’abord aller voir pour le gaz. — Ah bon ? Alors on y va pas ? — Ben je dois m’occuper de ça avant, et puis aller à la laverie pour tes vêtements aussi. — Ah oui… 266
" J’ai mangé l’innocence " (Erwan Le Goffic) — Tu pourrais regarder la télé en attendant ? — Oui c’est vrai ! Un quart d’heure allongé sur le canapé devant le petit écran et il s’était endormi. Je lui ai tout doucement enlevé la télécommande des mains, et j’ai éteint le poste. Après deux heures dans la cuisine, passées à fumer clope sur clope et à me noyer dans le café, je me suis décidé à partir pour son appartement, de toute façon il était temps que j’y aille : Il fallait que je fasse comme si je ne savais rien, faire tout comme s’il ne s’était rien passé : J’aurais dû arriver vers neuf heures et demie chez Christophe, si ses parents ou qui que ce soit d’autre était à l’appartement, c’était le rôle que je devais leur jouer. Christophe dormait toujours, aussi je me suis déplacé à pas de loup, sans allumer la lumière dans l’appartement. Avant de sortir, j’ai pris avec moi le grand sac plastique dans lequel j’avais mis ses vêtements souillés. Une fois dehors, je suis passé de suite à la laverie pour les mettre à laver. Une fois la machine mise en route, j’ai pris le chemin de son appartement. Je n’étais pas à l’aise à l’idée d’y retourner, et en passant au dernier coin de rue avant chez lui, j’appréhendais ce que j’allais voir en bas de l’immeuble : Mais non, rien, pas de passants agglutinés, pas de camion de police comme je me l’imaginais. J’ai essayé ensuite de voir si la voiture de leurs parents pouvait être garée là, mais j’ai vite laissé tomber : Je ne me souvenais que tout juste de la couleur, et encore plus vaguement de la forme… J’en voyais trop qui pouvaient correspondre, ça ne me menait à rien. Je suis donc arrivé devant l’interphone de l’immeuble, pas très rassuré, certes, mais dans un élan de courage ou de raz le bol, j’ai fini par appuyer d’un coup sec sur le bouton. Ça a répondu de suite : — Allo ? La voix à l’autre bout de l’interphone était celle d’une femme. Ça m’a surpris. Mais je n’ai pas eu plus de temps que ça pour me poser des questions, car elle a alors repris sans attendre : — Frank ? C’est Frank ?… Christophe ? Bon, je devais agir comme si je ne savais rien, jouer l’innocent : — Heu… non… heu… bonjour. — C’est qui, mais c’est qui ? Leur mère, en toute logique ce devait être leur mère à l’interphone. — C’est David… un ami à Frank et Christophe… Ils ne sont pas là ? — Non, non ! ils ne sont pas là ! — Ah bon… ah… heu… pourtant je devais aller avec Christophe ce matin à… — Puisque je vous dis qu’ils ne sont pas là ! Eh bé, elle était agressive… En même temps, il y avait de quoi. — D’accord… ben peut-être que… J’appellerai plus tard alors ? — Oui c’est ça, plus tard ! Et elle raccrocha. Je suis resté quelque peu abasourdit devant l’interphone, maintenant silencieux. Visiblement il valait mieux que je n’insiste pas. 267
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17. Des bâtons dans les roues " J
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19. Frappante étreinte " J’ai ma
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21. Par acquis de conscience " J’
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22. Soirée arrosée " J’ai mang
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