J'ai mang l'innocence - elgweb.com

" J’ai mangé l’innocence "
(Erwan Le Goffic)
contenaient les bouts de papiers avec les trucs à faire pour se présenter… Mais
sur le bureau, il y en avait beaucoup d’autres, vraiment beaucoup d’autres, et
tout autant de sacs plastiques : Cela me semblait clair : le « meilleur » restait à
venir.
— Alors… dedans il y a…
(Le sieur Frank était quand même un vrai showman)
— Il y a …
(Allez accouche mon gars !)
— Des… SACS POUBELLES !
Là je dois dire que je ne m’y attendais pas, ni moi ni les autres d’ailleurs.
Frank était tout sourire, fier de son effet, et pour prouver à tout le monde ses
dires, il s’est retourné, a plongé la main dans un des sacs plastiques de
supermarché, et en a retiré un rouleau de sacs poubelle qu’il a brandi fièrement
en se retournant vers nous. Comme pour qu’on puisse mieux se rendre compte,
il a arraché un sac du rouleau, l’a ouvert en tirant sur les bords, a passé sa main
dedans et a secoué le bras.
— Ben vous voyez ! vous pouvez me croire, quand je vous dis un truc, c’est
que c’est vrai !
Et là je pense que tout le monde se demandait ce qu’on allait devoir faire avec
ça : De la course en sac ? des ballons ? quoi donc ?
— Alors, si vous vous demandez ce qu’on va vous faire faire avec ça (ah ?)…
Eh bien, laissez-moi plutôt vous montrer les autres choses qui sont derrière moi.
Il s’est à nouveau retourné, a plongé une main dans les sacs de
supermarchés, puis nous a refait face pour nous présenter ce qu’il venait d’y
piocher.
— Alors pour ceux qui n’arriveraient pas à voir, il s’agit de bonbons et de
capotes !
Ça n’était pas rassurant, pas du tout rassurant. Je n’osais plus m’interroger
sur ce qu’il allait nous demander de faire avec ça.
— Alors les bonbons, ce n’est pas pour que vous les mangiez, et les capotes
pas pour vous en servir !
Ainsi qu’il l’espérait sûrement, un petit rire général a traversé tout l’auditoire.
— Eh eh ! non mes petits excités ! ce n’est pas pour vous ! C’est… pour les
gens à qui vous allez les vendre !
Là tout le monde a compris, alors tout le monde s’est mis à parler à son voisin.
Le brouhaha s’est prolongé un instant… Le silence à peu près revenu, Frank a
poursuivi ses explications :
— Bon ! et les sacs-poubelles alors ? Eh bien, c’est pour vous habiller avec !
histoire de vous faire tout beaux pour sortir dans la rue !
(Oh mon dieu… )
— Ce qui va se passer, c’est que chacun à votre tour vous allez venir ici. On
vous habillera et on vous donnera de quoi vendre, et ensuite vous pourrez sortir.
Il a marqué une pause de circonstance pour rétablir un peu le calme… le
monsieur avait quand même un certain talent d’orateur.
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