J'ai mang l'innocence - elgweb.com
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" J’ai <strong>mang</strong>é l’innocence "<br />
(Erwan Le Goffic)<br />
m’enfermer dans une cabine téléphonique, j’ai pris contact avec chacun. De là<br />
s’en sont suivies une série de visites pas très folichonnes :<br />
Le premier était une chambre d’étudiant, « chambre » au sens propre du<br />
terme : le gars louait sûrement la chambre d’un de ses enfants devenu grand et<br />
parti du foyer. Leur fils avait dû y vivre à l’étroit d’ailleurs, car le lit laissait juste un<br />
peu d’espace entre lui et les murs. Quant à la cuisine et au reste (douche,<br />
toilette… ), eh bien je pouvais disposer des leurs… Mais oui bien sûr ! Je me<br />
voyais bien prendre mon p’ti dej en leur <strong>com</strong>pagnie le matin, devoir parler avec<br />
eux, attendre que la douche soit libre… Non, non, et trois fois non.<br />
Le second logement a été pas mal non plus, c’était… dans une cage<br />
d’escalier ! Entre le troisième et le quatrième : D’habitude on y trouve un videordure,<br />
mais là non, ils avaient aménagé un logement : Le lit… enfin le sommier,<br />
était posé au-dessus d’une mini mezzanine qui permettait ainsi de pouvoir caser<br />
en dessous une table et une plaque de cuisson électrique. Le bac à douche et le<br />
toilette se retrouvaient dans un coin, séparé par une cloison en contre plaqué,<br />
d’ailleurs à eux deux, ils devaient prendre un tiers de la surface au sol. Les<br />
proprios m’expliquèrent qu’ils habitaient sur le palier au-dessus, et que ce demiétage<br />
leur appartenait par je ne sais quelle bizarrerie administrative qu’ils m’ont<br />
vaguement expliquée. Du coup, ils l’avaient aménagé en habitation… enfin<br />
disons plutôt mini-habitation, ça ne m’a d’ailleurs laissé qu’une mini-envie. Je ne<br />
me voyais vraiment pas être le Ken de leur maison de poupées.<br />
Et en troisième, j’ai eu droit tout d’abord à ce que je croyais être une bonne<br />
surprise : Elle m’a amené dans une belle pièce au parquet ciré, avec moulures<br />
aux murs, une belle cheminée en pierre… J’en suis resté un peu sans voix au<br />
début. Mais la dame m’a ensuite expliqué qu’elle vivait ici aussi, dans d’autres<br />
pièces… En effet, l’appartement était trop grand pour elle maintenant que son<br />
mari était mort, alors elle s’était dit qu’elle pourrait louer une partie à un étudiant :<br />
Vous <strong>com</strong>prenez, afin de ne pas rester tout le temps toute seule, parce qu’il lui<br />
manquait, son François… Il m’a fallu une demi-heure, d’une écoute que j’ai<br />
essayé de garder apparemment attentive, avant de pouvoir prendre la fuite.<br />
Et maintenant l’autre qui voulait me faire vivre dans sa cave… Là je<br />
<strong>com</strong>mençais à saturer, et en plus j’avais épuisé les annonces récoltées à l’école.<br />
Je me sentais vraiment abattu, aussi, quand je suis passé devant une cabine<br />
téléphonique sur le chemin du retour, j’ai préféré l’appeler :<br />
— Heu, allo.<br />
— Oui… allo… C’est toi David ?<br />
— Oui maman.<br />
— Tu n’as pas l’air d’être en forme… Ça va ?<br />
— On fait aller, mais… oui… quelques soucis.<br />
— Allons bon… C’est pour ça que tu appelles en avance alors ?<br />
— Oui.<br />
(D’habitude j’appelais ma mère tous les dimanches soir, là on était le samedi<br />
en fin d’après-midi, ce qui n’était pas habituel)<br />
— Qu’est ce qui va pas ? C’est encore ce Frank qui te fait des soucis ?<br />
— Heu, non non… D’ailleurs tu sais avec Frank on s’entend bien maintenant.<br />
— Ah… mais qu’est ce qui ne va pas alors ?<br />
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