J'ai mang l'innocence - elgweb.com
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" J’ai <strong>mang</strong>é l’innocence "<br />
(Erwan Le Goffic)<br />
Les larmes revinrent un peu, et puis il a fini par s’expliquer :<br />
— Ben…mhppffr… ben ‘m’suis réveillé… mpphhh… J’voulais aller fair’ pipi…<br />
mpphfff… mais ‘l faisait noir… mmffff…<br />
Le pauvre devait être <strong>com</strong>plètement perdu en se réveillant dans le noir… Le<br />
malheureux avait dû vraiment paniquer. Et puis même s’il se rappelait que je<br />
l’avais amené chez moi pendant la nuit, c’est vrai qu’il n’était venu ici qu’une fois<br />
auparavant, il ne devait certainement pas savoir où se trouvait l’interrupteur pour<br />
la lumière…<br />
— Je ne vais pas te laisser <strong>com</strong>me ça… heu…<br />
Il m’a alors regardé, attentif à ce que j’allais dire… Mais quoi dire ? J’allais lui<br />
demander de me donner caleçon et pantalon ? Et bien figurez-vous que ça me<br />
gênait l’idée de le voir se déshabiller devant moi : Vous voyez, quand je le<br />
mattais et le caressais, il était endormi… là ça n’était pas pareil. Non, qu’il se<br />
déshabille <strong>com</strong>me ça devant moi me gênait trop.<br />
Finalement, je me suis décidé :<br />
— Allez, viens avec moi, on va aller dans la salle de bain.<br />
En réponse, il m’a tendu la main. Je l’ai saisie pour l’aider à se relever. J’ai dû<br />
forcer <strong>com</strong>me un bœuf pour qu’il se mette debout : il n’allait pas fort, pas fort du<br />
tout. Mais ensuite emporté par l’élan, il a basculé vers l’avant : J’ai cru suffoquer<br />
en m’interposant pour barrer sa chute.<br />
— Oula ! Christophe ! fais attention, tu vas nous faire tomber !<br />
— Désolé, j’me sens tout saoul…<br />
J’avais honte de moi, j’avais saccagé sa vie et par-dessus le marché je<br />
l’assommais aux somnifères… J’encaissais mal tout ça, mais qu’est ce que je<br />
pouvais faire ? m’écrouler en larmes devant lui ?<br />
Je l’ai épaulé jusqu’à la salle de bain : Là il y avait une douche, un lavabo, et<br />
un WC. Je l’ai fait doucement s’asseoir sur la cuvette.<br />
— Bon… ben voilà ce qu’on va faire si ça te dit… : Je te laisse prendre une<br />
douche, et je vais aller te chercher des vêtements de rechange, d’accord ?<br />
— Hmmm… D’accord.<br />
Je me suis accroupi pour fouiller dans le meuble sous le lavabo.<br />
— Tiens ! voilà une serviette.<br />
— Merci.<br />
— Bon… Eh bien je vais te laisser… T’as tout ce qu’il te faut, non ?<br />
— Heu… oui.<br />
— D’accord, a tout à l’heure alors…<br />
— David !<br />
Je me suis retourné à nouveau vers lui, intrigué.<br />
— Oui ?<br />
— Je <strong>com</strong>prends pas…<br />
— Tu ne <strong>com</strong>prends pas quoi ?<br />
— Ben, pourquoi je suis pas chez moi ?<br />
Aie ! Quoi répondre à ça ? « Eh bien c’est parce que j’ai tué ton frère et que je<br />
ne pouvais pas te laisser là-bas, car sinon ils auraient tout <strong>com</strong>pris. Alors je t’ai<br />
ramené chez moi »… mouais… Au lieu de ça, j’ai préféré botter en touche :<br />
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