J'ai mang l'innocence - elgweb.com
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" J’ai <strong>mang</strong>é l’innocence "<br />
(Erwan Le Goffic)<br />
rendais bien <strong>com</strong>pte qu'elle parlait bien d’avantage avec Julien et Guillaume<br />
qu’avec moi…<br />
Et tout ça ne me disait rien qui vaille : À l’IUT, nous travaillons tous en groupe,<br />
par deux, en binômes, qu’on forme en début d’année et qui ne changent pas<br />
jusqu’à la fin. La semaine précédente, il nous avait été demandé de former les<br />
groupes, et là nous avions décidé de nous mettre ensemble tous les deux (quelle<br />
connerie je n’avais pas fait là en acceptant !)… et même si c’était vrai qu’on<br />
disposait d’un délai pour demander à changer de binôme, elle n’allait rien<br />
entreprendre de son côté, j’en étais sûr. Il allait déjà falloir que d’autres binômes<br />
se séparent pour qu’on puisse nous caser, et puis <strong>com</strong>ment allait-elle justifier<br />
la demande ? : « Eh bien j’essayais de le draguer, mais vu qu’il est pédé, il ne<br />
m’intéresse plus. Alors rester en binôme avec lui… »<br />
À cette pensée, je serrais les poings.<br />
On allait rester ensemble alors ? en binôme toute l’année ? Galère…<br />
…<br />
On frappa à la porte !<br />
Non pas à celle de l’entrée, mais à celle du fond de la pièce, celle qui menait à<br />
ma petite salle de bain, elle-même disposant d’une porte vers le jardinet… des<br />
proprios. Sans même avoir eu le temps de dire d’entrer, la porte s’est ouverte, et<br />
Robert, le mari de sa radine de femme, a pointé son nez par l’entrebâillement…<br />
Je <strong>com</strong>mençais à maudire mes proprios.<br />
Qu’est ce qu’il venait faire ici un dimanche après midi ! Je me suis redressé<br />
pour m’asseoir sur le lit, il a semblé surpris de me voir.<br />
— Ah vous êtes là ?<br />
Il m’a dit ça sur un ton tout mielleux, il semblait confus, se faisait tout petit,<br />
mais ça ne m’apaisait pas pour autant, c’était quand même chez moi, il n’avait<br />
pas à entrer <strong>com</strong>me ça ! Pour sûr j’étais remonté.<br />
— Oui, heu… c’est dimanche… je me reposais… Pourquoi ? Qu’est ce qu’il y<br />
a ?<br />
— C'est-à-dire que…<br />
— Oui ?<br />
— ... c’est le week-end…<br />
J’essayais de <strong>com</strong>prendre ce qu’il voulait me dire par là, lorsqu’un tonnerre de<br />
sons aigus est venu me déchirer les tympans : Un petit chien, un Yorkshire,<br />
venait de se faufiler entre les jambes de Robert et me fixait avec un petit air<br />
supérieur. Il n’arrêtait pas d’aboyer et s’est mis à avancer par à-coups dans ma<br />
direction…<br />
Il voulait quoi le ballon de foot à quatre pattes ? Que je m’en aille ? terrifié par<br />
son impressionnante carrure ? Que je craigne ses redoutables crocs ?<br />
— Il s’appelle Trébor, c’est le chien de la maison. Il aboie souvent <strong>com</strong>me ça<br />
quand il ne connaît pas, mais il est gentil, ne vous inquiétez pas.<br />
Trébor, quel drôle de nom pour un chien.<br />
Et il continuait de gueuler ! Quand je me suis rappelé que deux minutes avant<br />
j’étais allongé, tranquille, au calme sur mon lit, ses aboiements me sont alors<br />
devenus encore plus insupportables. Ne pouvant pas lui témoigner clairement<br />
mon antipathie à cause de son maître tout à côté, je suis resté impassible sur<br />
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