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J'ai mang l'innocence - elgweb.com

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" J’ai <strong>mang</strong>é l’innocence "<br />

(Erwan Le Goffic)<br />

Rallalla ! il était si beau, il me paraissait si doux, habillé dans son pyjama bleu<br />

ciel qui ajoutait à la candeur du personnage… J’avais du mal à ne pas rester les<br />

yeux collés sur lui.<br />

— D’accord, finis-je par répondre.<br />

Bien entendu, Christophe bougonna et retourna se coucher : Qu’est ce que je<br />

croyais ? qu’il allait picoler avec nous, et que j’allais pouvoir l’observer autant que<br />

faire se peut ? Ainsi je me retrouvai seul avec Frank, dans sa cuisine, une bière<br />

à la main, sans trop savoir de quoi parler. Finalement j’ai bu ma bière assez vite.<br />

Il m’en proposa une autre, mais j’ai refusé poliment. Il avait du mal à me laisser<br />

partir, mais j’ai quand même réussi à me dégager tant bien que mal de son<br />

hospitalité engluante. Quelques minutes plus tard je prenais la route pour rentrer<br />

chez moi, avec l’image de Christophe accaparant toujours toutes mes pensées.<br />

J’ai passé mon samedi à penser sans cesse à lui. Et le dimanche, derrière<br />

mon grill de chez mac-do, son image ne me quittait pas non plus… ça tournait à<br />

l’obsession. Alors arrivé au lundi c’était clair pour moi : il fallait que je leur rende<br />

visite, il fallait que je le voie à nouveau.<br />

Ainsi lundi après-midi, vers dix-sept heures, j’étais devant la porte de leur<br />

immeuble. J’ai sonné à leur interphone : ça ne répondait pas. J’ai vérifié encore<br />

une fois que je ne me trompais pas… Non, le nom en face était bien « Frank et<br />

Christophe Lucas », écrit au stylo sur un petit bout de papier collé sur<br />

l’interphone. J’ai attendu encore deux ou trois minutes, appuyant périodiquement<br />

sur le bouton, mais non, rien. Ils n’étaient pas là, il fallait m’y résoudre. C’est<br />

alors la mort dans l’âme que je suis rentré chez moi, en me disant bien que je<br />

retournerai le lendemain.<br />

Mais le mardi, même topo : Personne ne répondait. Alors qu’est ce qu’il y<br />

avait ? Ils étaient partis et n’allaient pas revenir de l’été ? Je fouillais dans mes<br />

souvenirs, mais je ne me rappelais pas Frank en train de m’en parler… Ou alors<br />

l’interphone était-il cassé ? Peut-être… Finalement sur cette idée, j’ai appuyé sur<br />

le bouton à côté de celui des Lucas pour voir si ça allait répondre. J’ai attendu<br />

une poignée de secondes avant d’entendre un « crac » dans le petit haut parleur<br />

et qu’une voix masculine me réponde « oui ? ». Pris au dépourvu, ne sachant<br />

trop quoi dire, j’ai fait l’innocent :<br />

— Heu, Frank ?<br />

— Non, ici il n’y a pas de Frank.<br />

— Ah bon, ce n’est pas l’appartement des Lucas ?<br />

— Non, vous avez dû vous tromper de bouton.<br />

— Heu, oui, ça doit être ça, excusez-moi.<br />

Puis un autre « crac » désagréable de l’interphone quand il a raccroché.<br />

J’espérais un peu qu’il me dise quelque chose, mais entre voisins, on ne sait<br />

jamais grand-chose de toute façon. Il fallait donc que je me rende à l’évidence :<br />

ils n’étaient toujours pas là et je n’en saurais pas plus.<br />

Et <strong>com</strong>me la veille, je suis rentré chez moi, tête basse.<br />

Le lendemain a été la bonne : J’étais arrivé à quelques pas de l’entrée de<br />

l’immeuble quand j’ai vu Frank sortir du hall, un sac de sport bien chargé dans<br />

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