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<strong>Le</strong> Vogon le contempla avec de grands yeux tandis que de<br />
molles pensées cheminaient avec peine dans le sombre tréfonds<br />
de son crâne :<br />
— Ouais, maintenant que vous me le dites, je reconnais que<br />
la pupart des minutes sont carrément ennuyeuses. Quoique…<br />
(nouvelle réflexion – ce qui requit une nouvelle contemplation<br />
<strong>du</strong> plafond)… quoique… il y a certains hurlements que j’aime<br />
bien. » Il s’emplit les poumons et beugla : « Toute résistance<br />
est…<br />
— Oui, sans doute, se hâta de l’interrompre Ford, j’ai pu<br />
apprécier vos talents en ce domaine. Mais c’est quand même<br />
ennuyeux la plupart <strong>du</strong> temps », insista-t-il en donnant à ses<br />
paroles le temps d’atteindre leur but. « Alors, pourquoi faire<br />
ça ? À quoi ça rime ? C’est pour les filles ? <strong>Le</strong> cuir ? <strong>Le</strong><br />
machisme ? Ou bien parce que selon vous le simple fait de<br />
s’accommoder d’une routine stupide procure un exaltant défi ?<br />
<strong>Le</strong> regard d’Arthur allait de l’un à l’autre avec ahurissement.<br />
— Euh…, dit le garde, euh… euh… chsais pas. Je crois que…<br />
ben disons… je le fais, c’est tout. Ma tante disait que la Garde<br />
spatiale ça faisait une bonne carrière pour un jeune Vogon –<br />
vous savez : l’uniforme, le paralyseur dans le baudrier en<br />
bandoulière, la routine stupide…<br />
— Nous y voilà, Arthur », dit Ford avec l’air de celui qui<br />
débouche sur la conclusion de son raisonnement. « Et toi qui<br />
trouves que tu as des problèmes.<br />
Un peu, qu’il en avait, estimait Arthur. En plus de cette<br />
histoire embêtante avec sa planète natale, le garde vogon l’avait<br />
déjà plus qu’à moitié étranglé et il n’envisageait pas d’un œil<br />
serein l’éventualité d’être jeté dans l’espace.<br />
— Essaie un peu de comprendre son problème », insista<br />
Ford. « Regarde ce pauvre mec, toute sa vie se passe à piétiner<br />
en rond, à balancer les gens hors des astronefs…<br />
— Et à hurler, ajouta le garde.<br />
— Et à hurler, bien sûr », dit Ford en tapotant le bras livide<br />
qui lui enserrait le cou avec une amicale condescendance. «… Et<br />
il ne sait même pas pourquoi il le fait !<br />
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