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Lettres de la prison - Les Classiques des sciences sociales - UQAC

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Antonio GRAMSCI, <strong>Lettres</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>prison</strong> (1926-1937). Traduction, 1953. 246<br />

(Lettre 167.)<br />

Très chère Tania,<br />

Retour à <strong>la</strong> table <strong>de</strong>s matières<br />

Prison <strong>de</strong> Turi, 3 avril 1933.<br />

Mes conditions <strong>de</strong> santé n'ont pas changé, avec toujours <strong>de</strong>s oscil<strong>la</strong>tions continuelles.<br />

Je suis toujours très faible. La seule donnée objective que je puis te donner<br />

est celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> température. La nuit <strong>de</strong>rnière, je me suis senti plus mal que d'habitu<strong>de</strong>;<br />

aussi ai-je fait <strong>de</strong>s observations. Je sentais vers <strong>de</strong>ux heures du matin une certaine<br />

insuffisance cardiaque avec oppression (non <strong>de</strong>s palpitations ni <strong>de</strong>s pincements<br />

intermittents, mais comme si le cœur avait été serré dans <strong>la</strong> main) et <strong>de</strong>s ondées <strong>de</strong><br />

froid; <strong>la</strong> température était <strong>de</strong> 35˚6. Vers six heures du matin, <strong>la</strong> température était <strong>de</strong><br />

36°3. Je ne me suis levé qu'à onze heures et <strong>de</strong>mie parce que je me sentais faible et<br />

que j'avais une espèce <strong>de</strong> tremblement aux bras, aux mains, aux jambes. Après une<br />

<strong>de</strong>mi-heure, <strong>la</strong> température s'éleva à 37°2. Comme je te l'ai déjà écrit, ces symptômes<br />

sont les mêmes que ceux qui se manifestaient en 1922, avec cette différence qu'alors<br />

le mal se constata en été : c'est pourquoi, à l'heure où <strong>la</strong> température s'élevait, j'étais<br />

dans <strong>de</strong>s bains <strong>de</strong> sueur qui m'affaiblissaient beaucoup, ce qui n'arrive pas<br />

aujourd'hui. Il est vrai cependant qu'alors j'avais dix ans <strong>de</strong> moins et une réserve<br />

d'énergie nerveuse qui est désormais épuisée ou presque, c'est pourquoi j'avais <strong>de</strong>s<br />

colères presque féroces (et ce n'est pas là une simple métaphore, parce que je me<br />

souviens que plusieurs bonnes personnes qui venaient m'assister et me tenir<br />

compagnie me dirent plus tard qu'elles avaient eu peur, me sachant Sar<strong>de</strong>, que je ne<br />

veuille frapper quelqu'un à coups <strong>de</strong> couteau!!!); aujourd'hui, au contraire, J'ai<br />

l'impression d'être <strong>de</strong>venu une marme<strong>la</strong><strong>de</strong>.<br />

Je t'embrasse affectueusement.<br />

ANTOINE.

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