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11) Brouillard au pont de Tolbiac - QueenDido.org

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— Je n'appelle pas ça travailler.<br />

— Moi non plus. J'ai un mot grossier pour cela, mais je ne le eHrai pas.<br />

— Nom <strong>de</strong> Dieu ! m'exclamai-je. Je connais cette chambre.<br />

— Vous avez dû y amener une <strong>de</strong> vos poules.<br />

— Je choisis <strong>de</strong>s hôtels d'une classe supérieure, pour mes frasques.<br />

— Le Transocéan, par exemple.<br />

— Hélène ! Ma petite Hélène.<br />

— Excusez-moi, balbutia-t-elle.<br />

Je me mis à rire :<br />

— Je suis un idiot. J'avais oublié que j'étais à l'hôtel <strong>de</strong> la rue <strong>de</strong> Valois,<br />

l'hôtel où <strong>de</strong>scendait Lheureux. Eh oui, je connais cette chambre, parce que c'est celle<br />

qu'occupait Lheureux. Après son départ, elle était la seule libre et vous l'avez eue. Pas<br />

plus difficile que ça. Je me turlupinais pour pas grand-chose.<br />

— A propos <strong>de</strong> Lheureux..., commença Hélène.<br />

— Oui?<br />

— Euh... Reboul a téléphoné.<br />

— Et alors ?<br />

— Toujours pareil.<br />

— Très bien, très bien. Sacré Lheureux...<br />

— Je fermai les yeux et me mis à me bercer <strong>de</strong> mes propres paroles :<br />

—... Il avait du fric, sur lui. Be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> fric. Vous pourrez <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à<br />

Albert, l'abruti du rez-<strong>de</strong>- ch<strong>au</strong>ssée. Il a puisé dans le fric à Lheureux. Deux<br />

portefeuilles, qu'il avait, Lheureux. Un sur lui. Un dans sa valise. La valise s'est<br />

ouverte. Portefeuille, caleçons...<br />

— Reposez-vous. Vous délirez.<br />

Je me tins coi, puis je repris, en sourdine :<br />

—... La valise s'est ouverte. Le contenu s'est répandu. Portefeuille, caleçons,<br />

chemises, ch<strong>au</strong>ssettes, mouchoirs... Les flics ont eu la valise. Ils ont dû l'ouvrir à leur<br />

tour. Les flics, c'est fouineur. Du fric, be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> fric, <strong>de</strong>s caleçons, <strong>de</strong>s ch<strong>au</strong>ssettes...<br />

Hélène !<br />

— Oui.<br />

— Ça ne va pas.<br />

— La tête ?<br />

— Mes pensées. Et pourtant, je sens que ça <strong>de</strong>vrait aller. C'est un coriace.<br />

C'est pas un gars à...<br />

— Reposez-vous. Je vais vous donner un cachet.<br />

Pas <strong>de</strong> cachet. Il buvait <strong>de</strong> la gnole et il ne m'en a pas offert. Je l'emmer<strong>de</strong>... Il<br />

était là, <strong>de</strong>vant la glace...<br />

Je regardai la glace. Lheureux émergea <strong>de</strong>s profon<strong>de</strong>urs du miroir et entreprit<br />

<strong>de</strong> préparer sa valise, ouverte sur le lit. Il portait un veston correct et sombre, un<br />

pantalon rayé <strong>de</strong> chef <strong>de</strong> rayon. Son chape<strong>au</strong> protégeait ses yeux <strong>de</strong> la clarté pourtant<br />

peu violente <strong>de</strong> l'ampoule fixée <strong>au</strong> plafond. Une o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> havane flottait dans la chambre.<br />

Il conservait <strong>au</strong>x lèvres un mégot <strong>de</strong> cigare éteint. « Alors ? dis-je. On se débine ?<br />

On rentre chez soi ? » — « 'oyez », fit Lheureux, avec un geste ample, et avalant le V.<br />

— « Emilie sera contente. »

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