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11) Brouillard au pont de Tolbiac - QueenDido.org

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— Il n'est pas là, monsieur.<br />

— Mais c'est un <strong>de</strong> vos clients ?<br />

— Oui, monsieur.<br />

Je posai <strong>de</strong>ux ou trois questions adroites pour m'assurer que le Birikos <strong>de</strong><br />

l'hôtel Transocéan était le même que celui que j'avais <strong>de</strong>vant moi.<br />

— Excusez cette vérification, dis-je en raccrochant.<br />

— Vous êtes tout excusé, fit le Grec.<br />

— En tout cas, vous ne vous cachez pas, remarquai-je.<br />

— Il h<strong>au</strong>ssa les sourcils :<br />

— Pourquoi me cacherais-je ?<br />

— Je ne sais pas.<br />

Il arbora l'expression <strong>de</strong> l'incompris maison :<br />

— Je suis un amateur <strong>de</strong> romanesque. Un stupi<strong>de</strong> et inoffensif amateur <strong>de</strong><br />

romanesque. J'ai commis un pas <strong>de</strong> clerc, avec vous. Je m'en excuse encore, mais... »<br />

Il se leva :<br />

— Vous avez mon nom et mon adresse. Si <strong>de</strong>s fois...<br />

— Ne comptez pas trop là-<strong>de</strong>ssus, dis-je.<br />

Je me levai à mon tour :<br />

— A propos, vous ne seriez pas collectionneur, par hasard ?<br />

— Collectionneur? Non. Vous connaissez <strong>de</strong>s collectionneurs et j'ai le<br />

physique du collectionneur?<br />

— Je ne sais pas. On se reverra peut-être, monsieur Birikos.<br />

— Je le souhaite, dit-il.<br />

Je le raccompagnai jusqu'à la porte <strong>de</strong> communication et Hélène, le prenant<br />

en charge, le reconduisit jusqu'<strong>au</strong> palier. Je revins dans mon bure<strong>au</strong>. Un bout <strong>de</strong><br />

papier, vraisemblablement échappé du portefeuille <strong>de</strong> l'étrange étranger, avait atterri<br />

sous le f<strong>au</strong>teuil. Je le ramassai. A ce moment, le timbre <strong>de</strong> l'entrée retentit. J'enfouis<br />

vivement le morce<strong>au</strong> <strong>de</strong> papier dans ma poche, et me retournai pour me heurter<br />

presque à M. Birikos, brusquement <strong>de</strong> retour :<br />

— Excusez-moi, fit-il. N'ai-je pas oublié mes gants?<br />

Il promena un regard circulaire, un regard acéré. Moi <strong>au</strong>ssi. Pas <strong>de</strong> gants en<br />

vue. II s'exclama :<br />

— Oh ! c'est la déconvenue que j'ai éprouvée avec vous qui doit être c<strong>au</strong>se <strong>de</strong><br />

mon étour<strong>de</strong>rie ! Je... je les avais glissés dans ma poche.<br />

Il brandit ses gants retrouvés et les enfila. Comme ça, il ne les perdrait pas. Il<br />

nous salua avec le cérémonial habituel et, cette fois, se débina pour <strong>de</strong> bon.<br />

J'allai à la fenêtre, l'ouvris et regardai <strong>de</strong>hors.<br />

Immobile sur le trottoir, bousculé par les passants pressés, mais indifférent à<br />

tout ce qui n'était pas lui- même, M. Nicolas Birikos, déganté (une fois <strong>de</strong> plus), se<br />

fouillait consciencieusement, l'air soucieux, très soucieux. Il tira son portefeuille <strong>de</strong><br />

l'intérieur <strong>de</strong> son par<strong>de</strong>ssus, en examina attentivement le contenu, rangea son<br />

portefeuille, se fouilla encore. Enfin, il s'en fut, m<strong>au</strong>ssa<strong>de</strong> et mécontent.<br />

— Qu'est-ce qu'il y a encore? fit Hélène. Il a <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong> perdu ses gants ?<br />

— Non, plutôt ce papelard.<br />

Je sortis <strong>de</strong> ma poche le papier trouvé sous le f<strong>au</strong>teuil que le Grec avait

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