11) Brouillard au pont de Tolbiac - QueenDido.org
11) Brouillard au pont de Tolbiac - QueenDido.org
11) Brouillard au pont de Tolbiac - QueenDido.org
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
—... Alors, c'est lui qui doit retrouver le table<strong>au</strong> ?<br />
— Quel table<strong>au</strong>?<br />
— Ne faites pas l'idiote ! gronda-t-il. Votre amant était un voleur. Il a volé un<br />
table<strong>au</strong> <strong>au</strong> Louvre. Il est mort et...<br />
Sa voix se brisa. Il chercha un siège du regard, en trouva un et se laissa<br />
tomber <strong>de</strong>ssus en s'épongeant. Un malaise, probablement dû à la chaleur qui régnait<br />
dans cette pièce ou à l'alcool ingurgité. La môme Geneviève bondit <strong>de</strong> sa bergère<br />
comme un diable <strong>de</strong> sa boîte. Debout, frémissante, la poitrine soulevée par la colère,<br />
ses yeux lançaient <strong>de</strong>s éclairs.<br />
— Vous l'enten<strong>de</strong>z, monsieur Burma? r<strong>au</strong>qua-t-elle. Vous l'enten<strong>de</strong>z ? Il me<br />
calomnie. Ce sale type me calomnie. II...<br />
— Ne nous énervons pas, dis-je. Il ne vous calomnie pas. Il dit que votre<br />
amant était un voleur. Il y a <strong>de</strong> fortes chances pour que ce soit vrai. Il dit qu'il est mort.<br />
C'est vrai <strong>au</strong>ssi.<br />
Elle me foudroya du regard :<br />
— Alors, vous <strong>au</strong>ssi, vous êtes contre moi ?<br />
Je h<strong>au</strong>ssai les ép<strong>au</strong>les :<br />
— Taisez-vous. Est-ce que, tout bien réfléchi — si vous êtes en état <strong>de</strong><br />
réfléchir —, vous m'emb<strong>au</strong>chez pour foutre ce type à la porte ?<br />
— Oui ! cria-t-elle. Jetez-le à la porte. Flanquez-le par la fenêtre, même. Ça<br />
sera encore mieux. Nous sommes <strong>au</strong> cinquième.<br />
— Très peu pour moi, rigolai-je. Je ne suis pas venu ici pour aller coucher à<br />
la Santé. Mais on doit pouvoir liqui<strong>de</strong>r facilement tout ça. »<br />
Je m'approchai <strong>de</strong> Chassard, le mit <strong>de</strong>bout en l'attrapant par le revers <strong>de</strong> son<br />
pardingue. Ses yeux égarés hurlaient la frousse.<br />
— Je ne vais pas vous bouffer, dis-je.<br />
Et <strong>au</strong>ssi sec, je le lâchai. Il s'ébroua, fit un pas en arrière :<br />
— Je m'en vais, dit-il.<br />
— Restez !<br />
Il s'immobilisa.<br />
— Ecoutez, m'sieu Chassard, dis-je. De quoi vivez-vous ?<br />
Il hésita, puis :<br />
— Je me débrouille.<br />
— Au moins, vous êtes franc.<br />
— Pourquoi ne le serais-je pas ?<br />
— Puisque vous êtes franc, vi<strong>de</strong>z votre sac.<br />
— Je n'ai rien à vi<strong>de</strong>r.<br />
— Vous êtes <strong>de</strong>ux tordus.<br />
— Deux?<br />
— Vous et elle.<br />
Geneviève Levasseur, qui était allée se rasseoir, me rappela sévèrement à<br />
l'ordre :<br />
— Monsieur Burma !<br />
— Taisez-vous !<br />
Je revins à Chassard le chasseur :