11) Brouillard au pont de Tolbiac - QueenDido.org
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— « Ouais. »<br />
Il tassa les vêtements dans la valise... chemises... ch<strong>au</strong>ssettes... « Vous m'avez<br />
joué une drôle <strong>de</strong> pièce tout à l'heure », dis-je. Il ricana doucement. « Ça ne fait rien,<br />
repris-je, bon prince. J'ajouterai cette addition à celle <strong>de</strong> votre femme. » — « Mais oui<br />
», grogna-t-il. Et il repartit à ricaner. Le bout <strong>de</strong> cigare dansait dans sa bouche. Je<br />
bâillai, et coupant court : « Allez, salut, Lheureux. Je suis payé pour vous mettre dans<br />
le train <strong>de</strong> retour. Je ne vais pas retar<strong>de</strong>r votre départ. » — « Salut», fit-il. Il me tourna<br />
le dos et versa <strong>de</strong> l'alcool dans le verre, sans m'en offrir. Puis, il s'enfonça dans le<br />
miroir, allant se faire acci<strong>de</strong>nter. La valise, contenant <strong>de</strong>s ch<strong>au</strong>ssettes, <strong>de</strong>s chemises,<br />
un portefeuille bien garni dans lequel Albert avait tapé, resta encore quelques<br />
secon<strong>de</strong>s sur le lit, puis elle s'estompa à son tour et disparut.<br />
Alcoolisme ou fièvre, mes pieds s'agitèrent mécaniquement :<br />
— Ça doit me crever les yeux, dis-je à h<strong>au</strong>te voix.<br />
— Allons, vous recommencez ? dit Hélène. Vous êtes resté cinq minutes<br />
tranquille. Cela ne pouvait pas durer. Je crois que je ferais bien d'appeler un toubib...<br />
un <strong>de</strong> vos copains...<br />
— Pas <strong>de</strong> toubib, dis-je. Un peu <strong>de</strong> gnole, Hélène.<br />
— Je vais vous donner un cachet. Je n'ai pas <strong>de</strong> gnole. J'ai <strong>de</strong> l'alcool dénaturé<br />
à 90, mais je vais vous donner un cachet.<br />
Elle commença à préparer sa satanée mixture.<br />
— Hélène, qu'est-ce que c'est que ce table<strong>au</strong>?<br />
— Quel table<strong>au</strong> ?<br />
— Ce chromo idiot qui n'est pas bien d'équerre.<br />
— Un chromo idiot, comme vous dites. Pas plus.<br />
— Pas signé Raphaël, <strong>de</strong>s fois?<br />
— Laissez Raphaël tranquille.<br />
— Je voudrais bien, mais c'est lui qui insiste.<br />
— Buvez ça.<br />
— Elle approcha le sédatif <strong>de</strong> mes lèvres. Je l'écartai :<br />
Quand vous vous serez regardée dans la glace. Regar<strong>de</strong>z-vous dans la glace,<br />
Hélène.<br />
— Il ne f<strong>au</strong>t jamais contrarier les mala<strong>de</strong>s. Voilà, je me regar<strong>de</strong> dans la glace.<br />
— Vous vous trouvez belle. Mais vous serez encore plus belle, si... Elle tient<br />
comment, cette glace ?<br />
— Par une ficelle, à un piton, là-h<strong>au</strong>t. Décidément, ce n'est pas une si jolie<br />
chambre que ça. C'est un système d'accrochage <strong>de</strong> pouilleux.<br />
— De pouilleux ? Vous allez fort. Montez sur une chaise et examinez ce<br />
système pouilleux.<br />
— Et pendant ce temps, vous reluquerez mes jambes? Décidément, ça va<br />
mieux, on dirait?<br />
— Oui, <strong>au</strong>x <strong>de</strong>ux questions, ma<strong>de</strong>moiselle Chatelain.<br />
Elle monta sur une chaise.<br />
—... Poussière?