La voie dvotionnelle - Parc La Belle Idée
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Il évoque les nombreux ascètes et anachorètes rencontrés au cours de ses voyages,<br />
pris par un amour passionné et douloureux.<br />
« L’âme de ces êtres éperdus pousse des cris et se lamente, sous l'effet d'une<br />
passion si ardente qu'elle l'arrache presque de leur corps.<br />
Ils gémissent de tristesse, et la crainte redouble leur affliction, tandis que les feux<br />
du désir, pareils à ceux du Brasier infernal, allument en eux une soif brûlante. » 99<br />
Il y a aussi de nombreuses anecdotes avec des femmes ou de jeunes gnostiques<br />
pris par une puissante commotion amoureuse et qui déclament des vers très<br />
sensuels et vont jusqu’à mourir d’amour :<br />
- Dhû-l-Nûn rencontre une femme agrippée aux voiles de la Ka’ba qui pleure et<br />
dit au milieu des larmes :<br />
« Tu m'as fait goûter la saveur de l'union, et Tu as fait croître jusqu'au plus<br />
profond de moi mon désir de Toi. »<br />
Il lui réplique alors :<br />
« Admirable est l'amant dont l'union prend une ampleur toujours plus<br />
rayonnante et dont l'amour s'élève toujours plus haut après l'union ! » 100<br />
- Dhû-l-Nûn rencontre une fille dévoilée au bord du Nil :<br />
Je l'interpellais : « Où est donc ton voile, jeune fille ! Pourquoi as-tu découvert<br />
ton visage ? » Elle me répondit : « Et que pourrait bien faire d'un voile un<br />
visage jauni !<br />
- D'où cela provient-il ?<br />
- C'est un effet de l'ivresse.<br />
- Aurais-tu donc absorbé du vin ?<br />
- Oui, par Dieu ! Le Tout-Puissant m'a abreuvée toute la nuit de Son amour, et<br />
j'étais remplie de joie, mais ce matin, je subis les effets de cette griserie. »<br />
Puis elle se mit à pleurer et à sangloter, et je lui en demandais la raison ; elle<br />
récita alors ce vers :<br />
« Je ne pleure pas parce que je me suis séparée de moi-même, mais parce<br />
que ma seule crainte est de ne plus Te voir. » 101<br />
- Dhû-l-Nûn évoque la rencontre avec un jeune gnostique lors d’une entrevue<br />
avec un cheikh yéménite d’une grande sagesse :<br />
Le jeune homme maigre, au teint blême, pose une question au cheikh :<br />
« Que Dieu te fasse miséricorde ! Quel est le signe de celui qui aime Dieu?<br />
- Mon cher enfant, l'amour est d'un degré élevé.<br />
- J'aimerais que tu me le décrives.<br />
- À ceux qui L'aiment Dieu entrouvre le cœur, et c'est ainsi qu'ils <strong>voie</strong>nt par la<br />
lumière de la Majesté divine. Ils ont désormais, avec un corps de la nature de<br />
ce bas-monde, un esprit qui est de la nature des "voiles" divins, et une<br />
99 Ibid., p. 150.<br />
100 Ibid., p. 238.<br />
101 Ibid., p. 337.<br />
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