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La voie dvotionnelle - Parc La Belle Idée

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les gens ne mangeaient plus jusqu’à se laisser mourir de faim avec leurs enfants. De<br />

nombreux récits circulent dans le monde musulman sur ces vertus de la voix. 230<br />

Il y a un mythe qui relate le premier samâ. Celui-ci aurait été fait par des anges :<br />

« Le samâ apparut pour la première fois le jour où l'esprit d'Adam ne voulait pas<br />

entrer dans son corps. Dieu très-Haut ordonna aux anges [ou à Gabriel assisté<br />

des autres anges] qui étaient rassemblés autour de Son Trône de se rendre tous<br />

au chevet d'Adam et d'y chanter en disant : « Entre dans le corps ! » Ils arrivèrent<br />

tous, et les louanges de Dieu firent apparaître en eux un état mystique. Ils<br />

tournaient ainsi, et personne n'a su comment, sur l'ordre de Dieu Très Haut,<br />

l'esprit d'Adam est entré dans son corps. » 231<br />

L’audition spirituelle concerne aussi la poésie. <strong>La</strong> poésie est une grande tradition<br />

dans la langue arabe. Les poésies profanes érotiques ou bachiques sont utilisées<br />

par certains mystiques pour traduire la puissante commotion que leur fait éprouver<br />

l’amour divin et toute l’ivresse qu’ils ressentent.<br />

« Je l'ai étreinte, et mon âme, après cela, la désirait encore. Et pourtant, qu'y a-til<br />

qui rapproche plus que l'étreinte ? – Et j'ai baisé sa bouche pour étancher ma<br />

soif, mais ce qu'elle y goûtait n'a fait qu’enflammer ma soif. – Mais la brûlure en<br />

moi de l’amour est telle que mes lèvres, en humant, ne peuvent la guérir. - Ah !<br />

<strong>La</strong> fièvre de mon cœur ne saurait être coupée, tant que nos deux âmes ne seront<br />

pas amalgamées ! » 232<br />

Les poèmes sont parfois simplement scandés, chantés ou encore accompagnés par<br />

le tambour (daf), la flûte (ney), des battements de main ou de la danse.<br />

Mais le samâ a probablement commencé uniquement par la poésie scandée, puis<br />

chantée. Le calife Al-Mansour avait interdit la musique, mais à la fin du VIII e siècle,<br />

malgré les réticences des chefs religieux, elle fut autorisée par le calife Haroun Al<br />

Rachid et les instruments se sont ajoutés peu à peu au samâ. D’après l’étude des<br />

traités de musique qui abondent en référence à la musique de l’époque sassanide,<br />

230<br />

Ihrâhîm KHAWWÂS raconte : « Un jour, je vins chez une tribu arabe et m'arrêtai à la demeure<br />

hospitalière de l'un de leurs chefs. Je vis un Noir couché, enchaîné et avec des menottes, dans la<br />

chaleur du soleil. J'éprouvai de la pitié pour lui et résolus d'intercéder en sa faveur auprès du chef.<br />

(…) Le chef (me dit) : écoute quelle était son offense, et ensuite retire-lui ses chaînes… Cet<br />

esclave conduit les chameaux en chantant et il a une jolie voix. Je l'ai envoyé avec quelques<br />

chameaux dans mes propriétés pour me rapporter du blé. Il a placé une double charge sur<br />

chaque chameau et chantait si bien sur la route que les chameaux couraient à toute vitesse. Ils<br />

revinrent ici après très peu de temps, et dès qu'il les eût déchargés, ils moururent. Ô prince,<br />

m'écriai-je étonné, un noble tel que toi ne parle pas faussement, mais j'aimerais avoir une preuve<br />

de cette histoire." Tandis que nous parlions, un certain nombre de chameaux furent amenés du<br />

désert au bord des puits, pour qu'ils puissent boire. Le chef demanda combien de temps ils étaient<br />

restés sans eau, on lui répondit : "Trois jours." Il ordonna alors à l'esclave de chanter. Les<br />

chameaux devinrent si attentifs à son chant qu'ils ne voulurent pas boire une seule gorgée d'eau ;<br />

soudain, ils se retournèrent et s'enfuirent, et se dispersèrent dans le désert. Le chef libéra<br />

l'esclave et lui pardonna pour moi. », Somme spirituelle, Op. cit., p. 452.<br />

231<br />

Article de Jean During, publication du CNRS, Paris, 1994.<br />

232<br />

<strong>La</strong> Passion d’Hallaj, Op.cit., Tome I, p. 392.<br />

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