Agrobiologie de T Lyssenko - communisme-bolchevisme
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On va jusqu'à prétendre que l'école mitchourinienne nie l'action sur les plantes <strong>de</strong>s facteurs dits mutagènes :<br />
rayons X, colchicine, etc. Comment peut-on affirmer une chose pareille ? Les mitchouriniens ne peuvent nier<br />
l'action <strong>de</strong> ces facteurs. Ne reconnaissons-nous pas l'influence <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie sur les corps vivants ?<br />
Pourquoi irions-nous nier celle <strong>de</strong> facteurs aussi énergiques que les rayons X, ou d'un poison aussi violent que la<br />
colchicine, etc. Nous ne nions pas l'action <strong>de</strong>s substances dites mutagènes, mais nous démontrons encore et<br />
encore que <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> ce genre, qui s'exercent dans l'organisme non pas pendant qu'il se développe ni par les<br />
processus d'assimilation et <strong>de</strong> désassimilation, ne peuvent donner <strong>de</strong> résultats utiles pour l'agriculture que dans<br />
<strong>de</strong>s cas rares et toujours fortuits. Non, cette voie n'est pas celle d'une sélection planifiée, d'une science<br />
progressiste.<br />
Les divers travaux poursuivis <strong>de</strong>puis longtemps en Union Soviétique pour obtenir <strong>de</strong>s plantes polyploï<strong>de</strong>s au<br />
moyen <strong>de</strong> la colchicine et d'autres facteurs dont l'action est analogue, n'ont pas abouti aux résultats autour<br />
<strong>de</strong>squels les morganistes ont fait tant <strong>de</strong> bruit.<br />
On a souvent dit et écrit que le géranium a donné <strong>de</strong>s graines après augmentation du nombre <strong>de</strong> ses<br />
chromosomes. Mais ce géranium n'a pas été, et comme savant j'estime qu'il ne sera pas utilisé pour la culture<br />
vraie, étant donné qu'il est bien plus pratique <strong>de</strong> multiplier les géraniums par boutures. Tout le mon<strong>de</strong> sait qu'on<br />
peut semer les groseilliers, et cependant on les multiplie par boutures. On peut aussi semer la pomme <strong>de</strong> terre,<br />
mais il vaut bien mieux la planter. En général, quand une plante peut se multiplier soit par semences, soit par<br />
boutures (c'est-à-dire végétativement), on préfère, dans la pratique, la multiplier par voie végétative.<br />
Cela ne veut pas dire que nous dénions toute importance au fait que l'on a obtenu un géranium à graines. Il est<br />
très possible qu'il donne <strong>de</strong>s résultats intéressants sinon pour la culture en grand, du moins comme matériel <strong>de</strong><br />
sélection.<br />
Ce que je viens <strong>de</strong> dire du géranium s'applique également à la menthe.<br />
Quelles sont encore les autres polyploï<strong>de</strong>s que les morganistes citent souvent comme <strong>de</strong> très importantes<br />
réalisations ? Le blé, le millet, le sarrasin, d'autres encore. Mais les morganistes eux-mêmes nous ont déclaré à<br />
cette tribune (A. Jébrak entre autres) que pour le moment tous ces polyploï<strong>de</strong>s : blé, millet, sarrasin, sont en règle<br />
générale peu fertiles, et que leurs obtenteurs ne les livraient pas encore à la culture.<br />
Il ne leur reste que le kok-saghyz tétraploï<strong>de</strong>. Cette année il est mis à l'essai pour la première fois dans les<br />
kolkhoz. Si les résultats sont probants, il faudra, bien entendu, le cultiver en grand. Mais pendant les 3 ans où il a<br />
subi les essais <strong>de</strong> la Commission d'Etat, il ne s'est pas révélé meilleur que les variétés diploï<strong>de</strong>s ordinaires<br />
obtenues par le sélectionneur Boulgakov, par exemple. C'est la première année que la nouvelle variété <strong>de</strong> koksaghyz<br />
est cultivée dans les kolkhoz. Dans <strong>de</strong>ux ou trois ans, on verra ce qu'elle vaut. Je souhaite sincèrement<br />
qu'elle soit meilleure que les autres. La production ne fera qu'y gagner.<br />
Mais il ne faut pas oublier que parmi les plantes cultivées, il y a beaucoup <strong>de</strong> polyploï<strong>de</strong>s dont la formation n'a<br />
rien à voir ni avec la colchicine et toute la théorie « mutagénique », ni même avec la théorie mendéliennemorganiste.<br />
Pendant <strong>de</strong>s siècles, les hommes ignoraient que beaucoup <strong>de</strong> bonnes variétés <strong>de</strong> poires, par exemple,<br />
sont polyploï<strong>de</strong>s. Mais il y a non moins <strong>de</strong> variétés <strong>de</strong> poires aussi bonnes qui ne sont pas polyploï<strong>de</strong>s. Voilà qui<br />
<strong>de</strong>vrait suffire pour faire comprendre que la qualité d'une variété ne dépend pas du nombre <strong>de</strong> ses chromosomes.<br />
Il y a <strong>de</strong> bonnes et <strong>de</strong> mauvaises variétés <strong>de</strong> blé dur à 28 chromosomes ; il y a également <strong>de</strong> bonnes et <strong>de</strong><br />
mauvaises variétés <strong>de</strong> blé tendre à 42 chromosomes.<br />
N'est-il donc pas évi<strong>de</strong>nt que la sélection doit avoir en vue non le nombre <strong>de</strong>s chromosomes, non la polyploïdie,<br />
mais les bonnes qualités et propriétés d'une variété ?<br />
Une fois qu'on a obtenu une bonne variété, on peut établir le nombre <strong>de</strong> ses chromosomes. Mais à qui viendrait-il<br />
en tête <strong>de</strong> rejeter une bonne variété pour l'unique raison qu'elle est polyploï<strong>de</strong> ou qu'elle ne l'est pas ? Aucun<br />
mitchourinien, aucun homme sérieux ne peut poser ainsi la question.<br />
Pour prouver la valeur pratique <strong>de</strong> leur théorie, nos morganistes citent souvent (et ils l'ont fait à cette session) <strong>de</strong>s<br />
variétés <strong>de</strong> blé cultivées en grand, tels Lutescens 062, Melanopus 069 et certaines autres anciennes variétés soidisant<br />
obtenues grâce au mendélisme-morganisme. Et pourtant leur création n'a rien à voir avec le mendélisme.<br />
Comment a-t-on obtenu les variétés comme Lutescens 062, Melanopus 069, Oukraïnka, etc. ? Par la vieille<br />
métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> la sélection <strong>de</strong>s variétés locales.<br />
J'emprunte à l'ouvrage du professeur S. Jégalov Introduction à la sélection <strong>de</strong>s plantes cultivées le passage<br />
suivant : « ... Habituellement, dans la culture, on a affaire non à <strong>de</strong>s formes pures, mais à <strong>de</strong>s « variétés » qui<br />
sont le résultat <strong>de</strong> mélanges, plus ou moins complexes, <strong>de</strong> formes diverses... Mariano Lagasca, botaniste<br />
espagnol, fut sans doute l'un <strong>de</strong>s premiers à le remarquer, dans le premier quart du XIX e siècle (bien avant<br />
l'apparition du weismanisme. — T.L.), et il publia ses observations en langue espagnole. Dans un récit très<br />
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