Agrobiologie de T Lyssenko - communisme-bolchevisme
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Je tiens seulement à attirer votre attention sur ceci : <strong>de</strong> très nombreuses constatations faites dans la pratique au<br />
cours d'une longue pério<strong>de</strong> permettent <strong>de</strong> se convaincre facilement <strong>de</strong> la nocivité pour l'agriculture d'une théorie<br />
biologique qui professe l'existence d'une lutte intraspécifique acharnée parfaitement imaginaire, et qui méconnaît<br />
la lutte, la concurrence et l'entrai<strong>de</strong> interspécifiques.<br />
On sait que <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> cent ans que l'on travaille à boiser la steppe, on a pu créer quelques forêts d'une belle<br />
venue dans <strong>de</strong>s régions <strong>de</strong>sséchées, mais que d'autre part les échecs ont été nombreux : les plantations forestières<br />
ne prenaient pas.<br />
A la lumière <strong>de</strong> notre biologie mitchourinienne, il est pour moi évi<strong>de</strong>nt que tous les échecs essuyés dans ce<br />
domaine s'expliquent essentiellement par le fait que l'ancienne biologie reconnaissait l'existence d'une<br />
concurrence intraspécifique imaginaire, et méconnaissait la concurrence interspécifique. Inversement, chaque<br />
fois que l'on a réussi à obtenir en pleine steppe <strong>de</strong>s forêts d'une belle venue, c'est avant tout parce que les<br />
praticiens <strong>de</strong> la sylviculture, consciemment ou non, ont passé outre aux recommandations erronées <strong>de</strong> la théorie.<br />
Car comment expliquer autrement que par la reconnaissance d'une concurrence à l'intérieur <strong>de</strong> l'espèce et la<br />
méconnaissance <strong>de</strong> la lutte interspécifique, le type <strong>de</strong> plantation dit du Don, et par la suite le type dit « normal »<br />
<strong>de</strong> plantations forestières en steppe, rendus autrefois obligatoires pour toutes les conservations forestières <strong>de</strong><br />
l'Etat ? En effet ces types <strong>de</strong> plantations consistaient essentiellement dans l'alternance <strong>de</strong>s arbres d'essences<br />
(espèces) diverses dans une même rangée. On plantait, comme l'on sait, les rangées à 1,5 mètre l'une <strong>de</strong> l'autre et,<br />
dans la rangée, les différents sujets à 60 centimètres d'intervalle. Pour que les jeunes arbres d'une même espèce,<br />
le chêne par exemple, ne se fissent pas concurrence et ne se gênassent point l'un l'autre, voici comment on<br />
procédait : on plantait dans une même rangée un chêne, puis 60 centimètres plus loin un orme, ensuite un frêne,<br />
puis un érable, ensuite une autre espèce d'orme et, enfin, <strong>de</strong> nouveau un chêne.<br />
Le chêne, essence principale pour la steppe, se trouvait ainsi placé dans <strong>de</strong> bonnes conditions, selon la « théorie<br />
» erronée <strong>de</strong> la lutte intraspécifique. Les plants <strong>de</strong> chêne se trouvaient à une gran<strong>de</strong> distance l'un <strong>de</strong> l'autre pour<br />
qu'ils ne se gênassent pas, pour qu'il n'y eût pas entre eux lutte et concurrence. Ils étaient en quelque sorte placés<br />
sous la protection d'autres espèces : ormes, frêne et érable. Mais les ormes et le frêne, s'ils se trouvent à<br />
proximité <strong>de</strong> plants <strong>de</strong> chêne isolés, sont pour ces <strong>de</strong>rniers non pas <strong>de</strong>s protecteurs, mais leurs pires concurrents<br />
et ennemis. Placer <strong>de</strong> tout jeunes chênes isolés sous la protection du frêne, par exemple, c'est presque confier <strong>de</strong>s<br />
poules à la gar<strong>de</strong> d'un renard. Que pouvaient bien donner pratiquement <strong>de</strong>s plantations <strong>de</strong> ce genre, puisque dans<br />
la nature il n'y a pas concurrence intraspécifique mais concurrence interspécifique ?<br />
Les tout jeunes arbres, bien qu'appartenant à <strong>de</strong>s espèces différentes, ne pouvaient se gêner mutuellement durant<br />
les premières années <strong>de</strong> leur existence, car ils se trouvaient à 1,5 mètre l'un <strong>de</strong> l'autre dans un sens et à 0,6 mètre<br />
dans l'autre sens. Ces semis étaient protégés chaque année contre la végétation herbacée <strong>de</strong> la steppe par un<br />
travail incessant <strong>de</strong> la terre, jusqu'au moment où, les branches <strong>de</strong>s jeunes sujets s'étant rejointes, il <strong>de</strong>venait<br />
impossible <strong>de</strong> le poursuivre. Une fois que les branches se touchaient, les plantations <strong>de</strong>vaient empêcher ellesmêmes<br />
l'établissement <strong>de</strong> la végétation herbacée <strong>de</strong> la steppe. Mais quand les arbres <strong>de</strong>s différentes espèces<br />
alternant entre eux se touchaient par leurs branches, une concurrence interspécifique acharnée les mettait aux<br />
prises pour l'eau et la lumière.<br />
Les sylviculteurs savent <strong>de</strong>puis longtemps, pour l'avoir observé et par expérience, que le chêne constitue dans la<br />
steppe l'essence principale, prépondérante, celle qui assure la longévité <strong>de</strong> la forêt. Quant aux autres essences,<br />
elles jouent dans le boisement <strong>de</strong> la steppe un rôle important, mais non principal.<br />
Etant donné que durant les cinq premières années <strong>de</strong> sa vie, le chêne a une croissance extrêmement lente et<br />
développe <strong>de</strong>s racines profon<strong>de</strong>s, toute autre essence située près d'un chêne isolé, le contrarie, l'étouffé, <strong>de</strong> sorte<br />
que celui-ci finit par succomber. En effet, dans toutes les plantations dites <strong>de</strong> type « normal » décrites par nous,<br />
le chêne périssait très vite. Ses plants, isolés parmi d'autres essences, ne résistaient pas à leur concurrence. Quant<br />
aux essences qui avaient détruit les chênes, elles ne pouvaient par elles-mêmes résister aux facteurs défavorables<br />
<strong>de</strong> la steppe une fois qu'on avait cessé <strong>de</strong> travailler le sol. C'est pourquoi au début, pendant les premières années,<br />
tant qu'on leur donnait <strong>de</strong>s soins, toutes les plantations <strong>de</strong> ce genre réjouissaient le sylviculteur ; mais celui-ci,<br />
bientôt déçu, les voyait ensuite dépérir, se <strong>de</strong>ssécher. Par contre, les plantations forestières subsistaient et<br />
donnaient <strong>de</strong>s forêts d'une belle venue partout où, pour telles ou telles raisons, le chêne, essence principale,<br />
n'avait pas été étouffé dans son jeune âge par les autres essences. Dans ces cas-là, un certain nombre d'autres<br />
essences comme l'érable plane et <strong>de</strong> nombreux arbrisseaux trouvaient toujours pour eux-mêmes d'excellentes<br />
conditions sous l'ombrage <strong>de</strong>s chênes. La réussite <strong>de</strong> ces plantations sur différents points <strong>de</strong> la steppe prouvait<br />
sans réplique la possibilité d'avoir <strong>de</strong> bonnes forêts longévives dans <strong>de</strong>s régions <strong>de</strong>sséchées. La responsabilité<br />
<strong>de</strong>s échecs essuyés dans le boisement <strong>de</strong> la steppe incombait à la théorie mensongère sur l'existence d'une<br />
concurrence sévère à l'intérieur <strong>de</strong> l'espèce et à la négation <strong>de</strong> la lutte, <strong>de</strong> la concurrence et <strong>de</strong> l'entrai<strong>de</strong><br />
interspécifiques.<br />
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