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— Oui, vous avez dû prendre un coup de froid, poursuivit-elle. Vous étiez resplendissante<br />
de santé, <strong>ce</strong> matin. À moins que <strong>ce</strong> ne soit l’émotion de revoir <strong>ce</strong>t ami italien à vous, le Dr<br />
Carelli ? Son arrivée a été si soudaine et inattendue que <strong>ce</strong>la a dû vous c<strong>au</strong>ser un choc.<br />
Inaperçu de miss Amory, le mari de Lucia, Richard Amory, était entré dans la bibliothèque<br />
pendant qu’elle parlait. Les paroles de la vieille demoiselle semblaient avoir bouleversé Lucia<br />
qui se laissa aller en arrière sur le canapé, frissonnante et les p<strong>au</strong>pières closes.<br />
— Mon Dieu, que vous arrive-t-il encore ? s’inquiéta miss Amory. Vous trouveriez-vous mal<br />
à nouve<strong>au</strong> ?<br />
Richard ferma la porte et s’approcha des deux femmes. Bel Anglais classique d’une<br />
trentaine d’années <strong>au</strong>x cheveux blond roux, il était de taille moyenne, assez trapu et musclé.<br />
— Allez donc finir de dîner, tante Caroline, conseilla-t-il à miss Amory. Ne vous inquiétez<br />
pas pour Lucia, je vais m’occuper d’elle.<br />
Miss Amory hésitait toujours.<br />
— Ah ! vous êtes là, Richard. Oui, je devrais peut-être retourner là-bas, acquiesça-t-elle<br />
comme à regret en faisant un ou deux pas in<strong>ce</strong>rtains vers la porte du hall. Vous savez<br />
combien votre père déteste les dérèglements de quelque ordre que <strong>ce</strong> soit. Surtout avec un<br />
invité à la maison. Ce n’est pas comme si c’était un intime de la famille…<br />
Elle se retourna vers Lucia :<br />
— J’étais justement en train de souligner, n’est-il pas vrai, ma chère enfant, comme je<br />
trouvais extraordinaire le hasard qui a fait que le Dr Carelli surgisse ainsi alors qu’il ignorait<br />
tout de votre présen<strong>ce</strong> dans <strong>ce</strong> trou de campagne perdue. Vous vous êtes trouvée nez à nez<br />
avec lui <strong>au</strong> village et vous l’avez invité à venir prendre le thé <strong>ce</strong>t après-midi. Cela a dû être<br />
une surprise de taille, j’imagine ?<br />
— Plutôt, oui, acquiesça mollement Lucia.<br />
— Le monde est vraiment petit, poursuivit miss Amory, c’est <strong>ce</strong> que je dis toujours. Votre<br />
ami est fort bel homme, Lucia.<br />
— Vous trouvez ?<br />
— Dans un style étranger, bien sûr, concéda-t-elle, mais indubitablement bel homme. Et il<br />
parle un anglais parfait.<br />
— Oui, peut-être bien.<br />
Miss Amory ne semblait pas décidée à changer de conversation :<br />
— Vous n’aviez réellement pas idée qu’il villégiaturait dans la région ?<br />
— Pas la moindre, répondit Lucia, catégorique.<br />
Richard n’avait pas quitté sa femme des yeux. Et il sembla soudain recouvrer la parole.<br />
— Quelle divine surprise <strong>ce</strong>la a donc dû être pour toi, Lucia, fit-il d’un ton sourd.<br />
Celle-ci leva un bref regard sur lui mais ne répondit pas.<br />
Miss Amory s’épanouit :<br />
— Je l’imagine sans peine ! Vous le connaissiez bien, en Italie, ma chère enfant ? C’était<br />
un grand ami à vous ? Je présume qu’il ne pourrait en avoir été <strong>au</strong>trement.<br />
Une âpreté soudaine transparut dans la voix de Lucia.<br />
— Nous n’avons jamais été amis, grinça-t-elle.<br />
— Ah ! je vois. Juste une connaissan<strong>ce</strong>. Une relation. Cela ne l’a pas empêché d’ac<strong>ce</strong>pter<br />
mon invitation à dîner sans trop s’embarrasser de préc<strong>au</strong>tions oratoires. Je les trouve<br />
souvent un peu sans-gêne, tous <strong>ce</strong>s étrangers. Oh ! je ne vous incluais bien entendu pas<br />
dans le lot, ma chérie…