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– comment dites-vous <strong>ce</strong>la en anglais ? — des instantanés des dames de la noblesse ou de la<br />
h<strong>au</strong>te société qui se baignent <strong>au</strong> Lido de Venise, hantent les soirées de gala à la Scala de<br />
Milan et j’en passe. De quoi alimenter les rubriques mondaines, vous voyez le genre.<br />
Il fouilla dans sa poche avant de poursuivre :<br />
— En novembre dernier, <strong>ce</strong>t ami, de passage à Gênes, reconnaît une demi-mondaine<br />
notoire : la baronne de Giers, comme elle aimait à se faire appeler à l’époque, maîtresse d’un<br />
diplomate français très connu. Cela fait jaser dans les salons, mais la dame s’en moque par<strong>ce</strong><br />
que le diplomate se montre lui-même fort bavard, et c’est <strong>ce</strong> qu’elle veut. Il est plus<br />
amoureux que discret, comprenez-vous…<br />
Il s’interrompit, la mine inno<strong>ce</strong>nte :<br />
— J’espère ne pas vous ennuyer, madame ?<br />
— Pas du tout, mais je ne vois pas l’intérêt de <strong>ce</strong>tte histoire.<br />
Tout en examinant le contenu de son portefeuille, Poirot continua :<br />
— J’y arrive, madame, je vous l’assure. Mon ami m’a montré un des instantanés qu’il avait<br />
pris. Nous sommes tombés d’accord : la baronne de Giers est fort belle femme, et nous ne<br />
sommes pas surpris du comportement du diplomate.<br />
— C’est tout ?<br />
— Non. La dame n’était pas seule, voyez-vous. Elle a été photographiée en train de se<br />
promener avec sa fille, une fille <strong>au</strong> si be<strong>au</strong> visage qu’il serait bien difficile de l’oublier.<br />
Il se leva et referma son portefeuille en faisant sa plus élégante révéren<strong>ce</strong> :<br />
— Visage que j’ai bien sûr reconnu dès que je suis arrivé ici.<br />
Lucia regarda Poirot et sa respiration se fit un instant haletante.<br />
— Oh ! s’écria-t-elle.<br />
Elle se reprit <strong>ce</strong>pendant bien vite et se mit à rire :<br />
— Mon cher monsieur Poirot, quelle curieuse méprise ! Bien sûr, je comprends maintenant<br />
le pourquoi de toutes vos questions. Je me rappelle très bien la baronne de Giers, et sa fille<br />
<strong>au</strong>ssi. Une fille assez fade, mais la mère me fascinait. J’étais en adoration devant elle, et je<br />
me suis promenée plusieurs fois en sa compagnie. Je crois que ma ferveur l’amusait. Voilà<br />
sans doute l’origine de la confusion. Quelqu’un a dû me prendre pour la fille de <strong>ce</strong>tte<br />
créature.<br />
Elle se tassa <strong>au</strong> fond de sa chaise.<br />
Poirot eut un lent hochement de tête appréciateur qui eut pour effet visible de soulager<br />
Lucia. Mais soudain, le détective s’appuya des deux poings sur la table pour se pencher vers<br />
elle. — Et moi qui croyais que vous n’étiez jamais allée à Gênes ! lui fit-il remarquer.<br />
Prise <strong>au</strong> dépourvu, Lucia hoqueta. Les yeux écarquillés, elle regarda Poirot remettre le<br />
portefeuille dans la poche intérieure de sa veste.<br />
— Vous n’avez pas de photo, articula-t-elle à la fois comme une question et une<br />
affirmation.<br />
— Non, confessa-t-il. Je n’ai pas de photo, madame. Je connaissais le nom sous lequel<br />
Selma Gœtz se faisait passer à Gênes. Le reste – mon ami et son instantané – n’était que<br />
modeste invention de ma part !<br />
Lucia bondit sur ses pieds, les yeux lançant des flammes.<br />
— Vous m’avez tendu un piège ! s’écria-t-elle, folle de rage.<br />
Poirot h<strong>au</strong>ssa les ép<strong>au</strong>les.