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4<br />
Le Dr Carelli se précipita pour ramasser le tube qui venait d’échapper à Barbara. Il y jeta<br />
un coup d’œil avant de le rendre avec une courtoise inclinaison de la tête.<br />
— Dites donc, s’exclama-t-il, que vois-je ? De la morphine !<br />
Il prit un <strong>au</strong>tre tube de verre sur la table :<br />
— Et de la strychnine ! Puis-je vous demander, chère petite mademoiselle, où vous vous<br />
êtes procuré <strong>ce</strong>s échantillons mortels ?<br />
Il se mit à examiner le contenu de la boîte de fer-blanc avec un intérêt non dissimulé.<br />
Barbara adressa <strong>au</strong> mielleux médecin italien un regard peu amène.<br />
— Des restes de la guerre, répondit-elle sèchement avec un sourire crispé.<br />
Se retournant vers sa tante, elle poursuivit sur un ton plus aimable :<br />
— Je ne m’attendais pas à trouver de la strychnine là-dedans, alors j’ai eu un moment de<br />
surprise. C’est pourquoi je l’ai laissée tomber. Que je suis bête.<br />
Caroline Amory se leva, inquiète, et s’approcha de Carelli :<br />
— Ce n’est pas vraiment du poison, <strong>ce</strong>s petits tubes, n’est-<strong>ce</strong> pas, docteur ? Je veux dire<br />
qu’ils ne pourraient plus faire de mal à quiconque, non ? Voilà des années que <strong>ce</strong>tte vieille<br />
boîte de fer-blanc traîne à la maison. Ces produits ne sont <strong>ce</strong>rtainement plus dangereux ?<br />
— J’ignore bien entendu <strong>ce</strong> que vous entendez par dangereux, très chère madame,<br />
ironisa-t-il, mais je gagerais qu’avec la petite collection que vous possédez ici, vous pourriez<br />
tuer, mettons… une douzaine d’individus vigoureux.<br />
— Miséricorde ! s’exclama miss Amory avec un hoquet d’horreur.<br />
Elle recula jusqu’à sa chaise et s’assit lourdement.<br />
— Voici, par exemple, continua le Dr Carelli en s’adressant à l’assistan<strong>ce</strong> rassemblée,<br />
quelque chose de très intéressant.<br />
Il souleva un tube dont il lut lentement l’étiquette :<br />
— « Chlorhydrate de strychnine : quatre milligrammes. » Sept ou huit de <strong>ce</strong>s comprimés,<br />
et vous connaîtriez une mort atro<strong>ce</strong>. Il s’agit là d’une façon extrêmement douloureuse de<br />
quitter le monde et que je ne recommanderais à personne.<br />
Il en saisit un <strong>au</strong>tre :<br />
— « Sulfate d’atropine. » Ah ! l’empoisonnement à l’atropine est parfois fort difficile à<br />
différencier de l’intoxication à la ptomaïne. C’est <strong>au</strong>ssi une mort très douloureuse.<br />
Il reposa les deux tubes qu’il tenait et en prit un troisième.<br />
— Mais ici, poursuivit-il lentement, posément, nous avons du bromhydrate de<br />
scopolamine. Zéro soixante-cinq milligrammes. Cela n’a l’air de rien, n’est-<strong>ce</strong> pas ? Et<br />
pourtant, je vous l’assure : vous n’<strong>au</strong>riez qu’à avaler la moitié de <strong>ce</strong>s petits comprimés blancs<br />
pour…<br />
Il eut un geste évocateur :<br />
— Ce serait sans douleur. Sans douleur <strong>au</strong>cune. Juste un assoupissement rapide, suivi<br />
d’un sommeil sans rêves, mais dont vous ne vous réveilleriez pas.<br />
Il se dirigea vers Lucia et lui tendit le tube comme s’il l’invitait à l’examiner. Un petit<br />
sourire flottait sur ses lèvres, mais <strong>ce</strong>rtes pas dans ses yeux.<br />
Lucia regarda fixement l’objet comme s’il la fascinait.