Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free
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Il hausse les épaules.<br />
— Très bien. Alors ?<br />
— Eh, comment va Georgie ?<br />
Je me suis décidée pour son suj<strong>et</strong> favori entre tous, si l’on excepte la dissection du dernier épisode<br />
de Project Runway, émission que j’adore, mais que je n’ai pas pu suivre c<strong>et</strong>te saison, faute de temps.<br />
Raphael sourit.<br />
— Georgie va très bien, Tracey ! J’aime c<strong>et</strong> enfant. Mon seul désir est de le voir déborder de joie.<br />
Tu comprendras un jour quand tu deviendras mère.<br />
Oh-oh, nous revenons en terrain dangereux. Mère = mère au foyer = fin de notre amitié.<br />
— Quand l’adoption sera-t-elle légalement définitive ?<br />
— En août. Il veut que nous allions fêter ça à Disney World.<br />
— Ça devrait être sympa.<br />
— Oh, oui. Donatello <strong>et</strong> moi n’y sommes jamais allés. Pourquoi Jack <strong>et</strong> toi ne viendriez-vous pas<br />
avec nous ?<br />
— Peut-être que nous viendrons, dis-je, avant de me souvenir du budg<strong>et</strong>.<br />
Qui n’inclut pas de vacances en août… ni aucune autres vacances. Plus jamais.<br />
Et maintenant que je suis au chômage, tout ce qui est lié au gîte <strong>et</strong> au couvert est réduit au strict<br />
minimum.<br />
— Vous désirez autre chose ? nous demande la serveuse.<br />
Il me regarde.<br />
— Je n’ai plus faim, dis-je.<br />
— Quoi, pas de flan ?<br />
J’adore le flan, mais je parie que le flan n’est plus dans mes prix. Seigneur, que je déteste les<br />
budg<strong>et</strong>s !<br />
Quand la serveuse dépose l’addition entre nous deux, Raphael l’intercepte, comme d’habitude. Au<br />
fil des années, j’ai bénéficié plus d’une fois de déjeuners passés sur ses notes de frais. J’ai toujours<br />
proposé de payer ma part, mais il a toujours refusé.<br />
Je sors quand même mon porte-monnaie.<br />
— Raphael, c’est moi qui t’ai demandé de venir, aujourd’hui. C’est moi qui t’invite.<br />
— Range ça. J’ai la carte de la boîte. Je vais te faire passer pour un top model.<br />
Je j<strong>et</strong>te un regard de doute à mon refl<strong>et</strong> dans le miroir derrière la table, puis à la pile de plateaux<br />
vides sur la table elle-même.<br />
— Tu m’as dit que le dernier top model avec qui tu as déjeuné avait commandé de l’eau tiède <strong>et</strong> une<br />
cigar<strong>et</strong>te. Et je parie qu’elle n’avait pas un énorme bouton sur le menton.<br />
— Et sur le nez, observe Raphael. J’en vois un en train d’éclore là aussi.<br />
Les dents serrées, probablement elles aussi bientôt cernées de boutons, je lâche :<br />
— Sérieusement, laisse-moi payer.<br />
Je n’ai jamais vraiment fait d’histoires auparavant, mais je me sens coupable de devoir consulter les<br />
horaires M<strong>et</strong>ro North dans mon sac afin de sauter dans le premier train en direction de la banlieue. Le<br />
spectacle doit être terminé, <strong>et</strong> ce sera la première fois que Jack <strong>et</strong> moi aurons la maison pour nous seuls<br />
depuis notre emménagement.<br />
Mamie <strong>et</strong> Stefania sont parties ce matin. Toutes les deux reconnaissantes de nos promenades<br />
touristiques, elles m’ont serrée très fort dans leurs bras quand je les ai déposées à l’aéroport. A la fin,<br />
j’étais aussi peinée qu’heureuse de les voir partir. Qui sait si je reverrai Stefania un jour ?<br />
Ou Mamie d’ailleurs ?<br />
Oui, elle me tape sur le système.<br />
Oui, elle est légèrement sénile.