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Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

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11<br />

Le crépuscule venu, Jack <strong>et</strong> moi, debout dans notre propre véranda — dépourvue de rockingchairs<br />

— suivons des yeux le camion de déménagement qui s’éloigne sous la pluie.<br />

Environ huit heures plus tôt, nous avons dit adieu à notre ancien appartement pour suivre le camion<br />

de déménagement jusqu’à Westchester dans notre voiture d’occasion ach<strong>et</strong>ée quelques semaines plus tôt.<br />

Ce week-end du Memorial Day n’est pas idéal pour circuler <strong>et</strong> il a fallu des heures aux D.C. pour<br />

décharger le camion.<br />

Jack <strong>et</strong> moi avons tenté de ranger les cartons <strong>et</strong> les meubles au fur <strong>et</strong> à mesure de leur apparition,<br />

mais aux dernières nouvelles, plusieurs des cartons de vêtements ont été rangés à la cave, <strong>et</strong> les<br />

casseroles <strong>et</strong> poêles dans l’une des salles de bains.<br />

Le beau divan trône dans le salon, penchant d’un côté comme un radeau sur le point de couler.<br />

Mais ce n’est pas pour ça que je fonds soudain en larmes.<br />

Du moins je ne crois pas.<br />

Peut-être est-ce l’accumulation des événements de la journée, qui sait ?<br />

Tout ce que je sais, c’est que debout sur ma véranda dépourvue de rocking-chairs de ma nouvelle<br />

maison de catalogue Sears, je n’étouffe aucun sanglot.<br />

Non, je sanglote à pleins poumons, braillant de tout mon cœur, comme un gamin qui vient de cogner<br />

sa tête toute tendre sur le coin de la table basse.<br />

A mes côtés, Jack, en vieux jean, T-shirt délavé à l’effigie des Yankees <strong>et</strong> casqu<strong>et</strong>te de base-ball à<br />

l’envers, s’alarme.<br />

— Quoi ? demande-t-il en attrapant mon bras, qu’est-ce qui ne va pas ?<br />

— Je ne sais pas.<br />

— Calme-toi… C’est à cause du boulot ?<br />

— Non.<br />

En fait, maintenant que je me suis habituée à l’idée, je suis plutôt soulagée d’être probablement<br />

licenciée mardi à mon r<strong>et</strong>our au bureau. En même temps qu’une promotion, Jack a décroché une bonne<br />

augmentation. Elle ne comble pas la disparition de mon salaire, mais une bonne partie.<br />

— Pourquoi pleures-tu, Trace ?<br />

La vérité m’apparaît.<br />

— Parce que notre vieil appartement, notre chez-nous, me manque, dis-je en gémissant.<br />

Mon mari est génial : il ne me gifle pas en pleine figure en me disant de cesser tout de suite comme<br />

Cher dans Eclair de lune.<br />

Pas Jack. Habitué à mes états d’âme, il se contente de hausser les épaules.<br />

— Ce n’est rien, dit-il.

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