Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

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Nous approchons de chez Wilma, et j’ai hâte de lui parler de la maison.
— Ne parle pas de la maison à ma mère, dit Jack.
Quand il veut, il peut lire mes pensées. C’est très agaçant.
— Pourquoi pas ?
— Et si ça ne se fait pas ? Hé ! C’est un panneau « A vendre » ou quoi ?
Il désigne un appartement, à deux pas de celui de sa mère.
— Exact. Mais pas question de déménager à Harvest Haven Estates. C’est une résidence de
retraités.
— Pas officiellement. La loi n’interdit pas aux jeunes de vivre ici, dit-il d’un ton de défi.
Je n’en suis pas si sûre. De toute façon, ça m’étonnerait que des hordes de jeunes fassent le siège du
bureau de vente, impatients de participer aux tournois quotidiens de canasta et aux lotos. Mais, bon, la
résidence possède une piscine, des courts de tennis et un parcours de golf…
Ce qui me donne à réfléchir.
A une fenêtre de la maison voisine, les rideaux du salon s’écartent. Une silhouette évoquant un
coton-tige géant avec des lunettes nous guette. Certainement la voisine trop curieuse de Wilma, Bonnie.
Une pause publicitaire a dû interrompre Judge Judy.
Harvest Haven Estates regorge de Bonnie.
— Jack, il n’est pas question de vivre ici, dis-je avec fermeté.
— Pourquoi pas ?
— Parce que nous n’avons pas l’âge de Hume Cronyn et Jessica Tandy, voilà pourquoi.
— Ils ne sont pas morts ?
Oups. Vraiment ?
Ils doivent être morts.
— Si. C’est exactement ce que je veux dire. Si ça te fait plaisir, dans notre nouvelle maison
j’organiserai un loto hebdomadaire.
Un grand sourire éclaire son visage.
— Avec des prix ?
— Tu pourras gagner des lorgnons.
— Tracey, tu es la meilleure.
— Je désire tant cette maison de Glenhaven Park.
— Je sais.
— Toi aussi tu en as envie, non ?
— Oui. Si c’est possible.