Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

— … D’ailleurs nous pouvons embaucher quelqu’un.
— Quoi, tu as aussi simulé l’embauche d’un maçon ?
— Jack, cesse de plaisanter.
— Pardon. Mais je ne voudrais pas que tu t’accroches trop à cette maison ou que tu te berces de
faux espoirs. Tu pourrais être déçue ensuite.
— Pourquoi serais-je forcément déçue ? Ce n’est pas comme si la maison n’était pas à vendre…
elle l’est. Et il se trouve que nous pouvons nous l’offrir… Si nous payons le prix demandé, elle est à
nous !
— A t’entendre, cela paraît tout simple.
— C’est simple. A t’entendre, j’essaie de me faire pousser des ailes pour pouvoir voler.
— Ça me plairait assez.
Il s’interrompt et sourit.
— Je n’ai même pas eu le temps de m’habituer à l’idée de déménager que déjà nous visitons des
maisons à acheter.
— Si j’attendais que tu te décides, un autre couple aurait déjà célébré ses noces d’or dans cette
maison.
Notez qu’il ne me contredit pas.
— Jack, je te connais. Tu détestes le changement.
Notez qu’il ne me contredit pas là-dessus non plus.
— Et toi aussi tu me connais, Jack. J’adore le changement. Je m’éclate dans le changement. J’ai
besoin de changement.
Il soupire.
— Nous devrions faire une offre pour cette maison, dis-je d’un ton ferme. Proposons le prix
demandé et voyons ce qui se passe.
— Personne ne propose le prix demandé.
— Bien sûr que si.
— Qui ?
— Les gens qui veulent obtenir la maison à coup sûr, dis-je avec une patience exagérée. Comme
nous. Non ?
— Ça ne fonctionne pas ainsi, Tracey. Le propriétaire fixe toujours un prix plus élevé que celui
qu’il espère en tirer, afin de laisser une marge de négociation. Crois-moi, je vois ça tous les jours.
— Qu’est-ce que tu racontes ? Tu n’as jamais acheté de maison de ta vie.
— Non, mais j’ai un métier, tu te souviens ? Je conseille les clients sur la façon de dépenser des
millions de dollars.
C’est vrai. Dommage que nous ne disposions pas de ces millions de dollars. Nous pourrions rédiger
un chèque illico et engager quelqu’un pour abattre autant de murs que nous en avons envie.
Ou acheter une autre maison, en parfait état, dans laquelle il n’y aurait même pas besoin d’abattre de
murs.
Mais vous savez quoi ?
Même si nous étions plus riches, je ne crois pas que je désirerais une autre maison.
Celle-ci a du caractère et respire le bonheur. Ce qui n’a pas de prix.
— Visitons-la de nouveau, dis-je à Jack. Encore une fois. D’accord ?
— D’accord.
Nous revisitons. Cette fois, j’en tombe encore plus amoureuse, même de ses bizarreries. J’adore le
plancher inégal devant la salle de bains du bas, les portes des chambres peintes et munies de poignées de
porcelaine, les hauts plafonds, les plinthes et les moulures.
Dans la cuisine, je mêle mes doigts à ceux de Jack et pose ma tête sur son épaule.