Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

je cite : « La prochaine fois que je sens quoi que ce soit au fond de mes tripes, rendez-moi service, giflezmoi
! »
Sans la présence de Jack, je me giflerais moi-même à l’instant.
— Tout va être quoi ? demande-t-il.
— Rien.
— Non, quoi ?
— Rien ! dis-je avec brusquerie. Excuse-moi. Je suis fatiguée, j’ai faim et je suis à cran. Oublie ce
que j’ai dit.
Il hausse les épaules.
— D’accord. Tu veux qu’on commande chinois pour fêter ça ?
— On ne devrait pas plutôt dîner dehors pour fêter ça ?
— Si nous devons rembourser un emprunt, à partir de maintenant, il va falloir dîner plus souvent à la
maison.
— Oh. Tu as raison.
Mais je trouve ça un peu déprimant. A partir de maintenant, allons-nous vivre dans l’austérité
totale ?
Je tente de me persuader que cela en vaut la peine si c’est pour vivre dans cette maison, mais…
Et si j’avais visité cette maison avec des lunettes roses sur le nez ? Si en réalité elle consistait en
une ruine dans un bloc de béton jaune pisseux ?
— Jack ?
— Oui ? demande-t-il en sortant le menu de chez Rainbow Wok du tiroir près du téléphone.
— C’est vraiment une super maison, n’est-ce pas ?
Il me regarde un long moment, puis secoue la tête avec un petit sourire.
— C’est une super maison, Trace.
— C’est bien ce que je pensais, dis-je, soulagée.
— C’est toi qui m’as persuadé de nous lancer là-dedans… Ne me dis pas que tu veux faire machine
arrière ?
— Non ! dis-je avec fermeté. Pas du tout.
C’est à peu de choses près ce qui s’est passé quand nous nous sommes mariés. J’en mourais d’envie,
jusqu’à ce que nous parvenions à mi-chemin de l’autel. Là, j’ai commencé à éprouver des doutes, me
demandant si Jack était bien l’homme qu’il me fallait. C’est une histoire longue et compliquée qui
implique Buckley, mes cheveux et une préparation religieuse au mariage, aussi ne vais-je pas entrer dans
les détails maintenant.
L’important, c’est que nous nous soyons mariés, que Jack est bien l’homme qu’il me fallait et
qu’aucun de mes doutes n’était fondé.
C’est également ce qui va se passer pour l’Opération Nouveau Départ, j’en suis certaine.
Note : Tu aimes le changement. Tu t’éclates dans le changement. Tu te souviens ?
— Que veux-tu commander ? demande Jack en parcourant le menu.
La fatigue me submerge brusquement.
— Je ne sais pas. Fais-moi la surprise.
— La surprise ? répète-t-il, incrédule. A toi ?
— Pourquoi pas ?
Je hausse les épaules et me dirige vers ma chambre, mes escarpins-instruments de torture à la main.
En réalité, je sais pourquoi pas.
Parce que, comme je l’ai déjà dit, je suis obsédée par le besoin de tout contrôler. C’est moi qui
décide ce que je vais manger. Et aussi ce que je vais porter, me dis-je en m’asseyant sur le lit pour ôter
mes collants troués.