Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

quand cela vous chante.
Mitch est évidemment le premier à réagir à cette proposition.
— Ce ne sera plus la même chose. Mais bon… le trajet en train dure combien de temps ?
Je rectifie à toute vitesse.
— J’ai dit que c’était court, hein ? En fait, ce n’est pas si court.
— Une heure, dit Jack à son acolyte.
C’est comme si je voyais déjà le train entrer en gare.
— Faire le trajet tous les jours ne va pas vous coûter une fortune ? se renseigne Derek.
— Non, nous prendrons des abonnements mensuels Metro North, dit Jack. Ils ont des tarifs
avantageux.
Mitch semble rasséréné par ces paroles. Je lis dans ses pensées. Dieu du ciel, il planifie de se
procurer lui aussi un abonnement mensuel.
— Pas si avantageux que ça, dis-je précipitamment.
Jack me lance un drôle de regard.
— Quoi ? dis-je innocemment.
Jack se contente de secouer la tête.
Notre petit Raphael O’Leprechaun observe un calme qui ne me dit rien qui vaille. Je lui glisse un
regard.
Aïe.
Il ressemble à un leprechaun abandonné qui vient d’apprendre que le chaudron au bout de l’arc-en
ciel est rempli de cacahuètes sucrées-salées.
Je me risque.
— Raphael ? Qu’en penses-tu ?
— J’en pense que tu devrais attendre qu’il y ait un appartement à vendre dans notre immeuble,
Tracey. Ainsi nous pourrions vivre comme Lucy et Ricky, et Fred et Ethel dans la série I love Lucy,
comme j’en ai toujours rêvé.
Emue, je lui fais remarquer :
— Tu ne ressembles pas du tout à Ethel, chéri.
— Tracey ! Je serais Ricky.
C’est vrai qu’il ressemble un peu à Ricky Ricardo. A Ricky Martin aussi.
— Tu veux dire que Tracey et moi incarnons Fred et Ethel ? demande Jack, incrédule.
— Plus maintenant, rétorque Raphael, irrité. Puisque vous déménagez, n’est-ce pas ?
— Raphael, arrête, le gronde Donatello.
J’échange un regard avec Jack.
— Tu sais, dis-je doucement. Lucy et Ricky finissent par déménager en banlieue. Peut-être que toi et
Donatello pourriez…
— Non, merci, coupe Raphael d’un air sombre, le déménagement de Lucy et Ricky a signé l’arrêt de
mort de la série, et Lucy et Ricky ont fini par divorcer. Après leur départ en banlieue, tout est parti à la
dérive.
— Ce sont les acteurs qui ont divorcé, fait remarquer Buckley. Lucy et Ricky n’existent pas
réellement.
— Pour moi ils existent, réplique Raphael, avant d’ajouter sur un ton de reproche : Tracey,
j’imaginais que toi et moi vieillirions ensemble, ici, à New York.
— Hum, je croyais que tu avais l’intention de vieillir à New York avec moi, intervient Donatello.
— Et moi, je croyais que Tracey avait l’intention de vieillir auprès de moi en banlieue, mais si tu
tiens vraiment à vieillir en sa compagnie, nous allons trouver un arrangement, Raphael, dit Jack, bon
enfant.