Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free

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— Faisons le tour de la ville d’abord, d’accord ? propose Verna Treeby en se glissant derrière le
volant de sa Mercedes.
D’accord. Par ce dimanche froid et gris, Verna Treeby, de l’agence immobilière Houlihan
Lawrence, fait tout son possible pour égayer notre visite de la banlieue.
Jack s’installe sur la banquette arrière et je grimpe à l’avant. Je pensais qu’il s’installerait plutôt
devant, mais il a foncé à l’arrière avec une telle précipitation que j’ai cru qu’on y distribuait des
Heineken bien fraîches et des Fritos.
Mais non, pas d’odeur de Fritos à l’intérieur, où se mêlent les effluves de cuir des voitures neuves
et le parfum de luxe de Verna.
— En route, lance joyeusement Verna.
Elle quitte le parking de l’agence et s’engage dans la rue principale de Glenhaven Park.
Je jette un coup d’œil par-dessus mon épaule pour m’assurer que Jack est attentif.
Il regarde par la fenêtre, donc, pour l’instant, tout va bien. A moins qu’il ne regarde dans le vide, en
se demandant ce qu’il fait là.
Très franchement, il existe une chance, même mince, que ce soit le cas.
Parce que le week-end dernier, nous nous sommes mis d’accord pour passer le dimanche suivant à
visiter des maisons, mais soit il a passé la semaine en déni total, soit il n’avait aucune intention d’honorer
sa promesse.
Indice le plus important : quand Mitch nous a demandé hier soir — nous rentrions tous les trois tard
du cinéma — si nous voulions regarder le basket avec lui aujourd’hui, Jack a répondu oui.
— Impossible, suis-je intervenue, nous avons déjà quelque chose de prévu.
J’avais l’impression d’être la méchante maman qui interdit les mitraillettes à eau et les céréales
sucrées.
— Quel genre de projets ? a demandé Mitch, indiscret.
D’accord, peut-être pas indiscret. Juste curieux.
Peut-être aussi que j’en ai simplement ras-le-bol de Mitch, de ses questions et de sa présence
perpétuelle.
Bien sûr, Jack s’est défilé, donc c’est moi qui ai dû annoncer à Mitch que nous pensions déménager
en banlieue.
Mitch n’a pas répondu. Il s’est contenté de décocher à Jack un regard de reproche et, le temps que
nous parcourions les quelques mètres nous séparant de chez lui, ne m’a plus adressé un mot.
Quand nous nous sommes retrouvés seuls, j’ai dit à Jack :
— Nous allons lui manquer quand nous aurons déménagé, hein ? Enfin toi.