Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free
Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free
Talons aiguilles et peinture fraîche (Harlequin Red Dress Ink) - Free
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
le show-biz <strong>et</strong> les a inscrites dans une école locale d’art dramatique pour gosses de riches. Wilma — qui<br />
elle-même un jour a rêvé d’une carrière dans le spectacle — <strong>et</strong> elle sont convaincues qu’Ashley <strong>et</strong><br />
Beatrice sont les nouvelles jumelles Olsen ou les nouvelles jumelles de la pub des chewing-gums<br />
Doublemint. Je ne plaisante pas. Il y a peu, Kathleen a écrit au fabricant de chewing-gums Wrigley en<br />
adressant la photo des jumelles. Elle doit penser qu’éblouis, les gens de chez Wrigley ne remarqueraient<br />
pas qu’Ashley <strong>et</strong> Beatrice ne se ressemblaient pas moins si l’une d’elles était un garçon.<br />
Je remercie le ciel que Wrigley n’ait pas choisi de confier son budg<strong>et</strong> publicitaire à Blair Barn<strong>et</strong>t.<br />
Kathleen aurait transformé ma vie, <strong>et</strong> celle de Jack, en enfer.<br />
C’est d’ailleurs ce que ses filles s’apprêtent à faire à l’instant même.<br />
— Vous arrivez au bon moment.<br />
Wilma tapote le coussin à ses côtés.<br />
— … Asseyez-vous avec moi sur le sofa. Nous sommes le public.<br />
Non, Wilma, tu es le public. Nous, nous partons.<br />
— Je ne sais pas trop, temporise Jack en consultant sa montre. Tracey est vraiment pressée de<br />
rentrer à New York.<br />
C’est ça, fais-moi porter le chapeau. Comme s’il ne mourait pas d’envie de r<strong>et</strong>rouver son canapé,<br />
une bière <strong>et</strong> la télécommande du magnétoscope.<br />
Mais je ne proteste pas, parce qui si les jumelles donnent un spectacle, je suis vraiment très pressée<br />
de rentrer à New York. Immédiatement !<br />
— Vous ne pouvez pas partir ! gémit Ashley. Mamie, dis-leur qu’ils ne peuvent pas partir ! C’est le<br />
plus beau des plus beaux des spectacles !<br />
Bon, qu’on apporte les programmes <strong>et</strong> qu’on lève le rideau !<br />
— C’est quoi comme spectacle ? dis-je aux filles tandis que Jack <strong>et</strong> moi prenons place à contrecœur<br />
dans le public.<br />
— West Side Story.<br />
— Vraiment !<br />
Je regarde autour de moi, au cas où j’aurais occulté la présence d’une bande de J<strong>et</strong>s ou de Sharks.<br />
Ashley va <strong>et</strong> vient, tourbillonnant dans une jupe fabriquée avec deux servi<strong>et</strong>tes de table en dentelle<br />
de Wilma coincées dans la ceinture de son jean.<br />
— Je joue Maria, annonce-t-elle, très belle-oh-si-belle.<br />
Evidemment.<br />
— Félicitations, dis-je avec un sourire forcé. Et toi, Bea ? Tu joues aussi dans le spectacle c<strong>et</strong>te<br />
fois ?<br />
— Elle joue Anita. Et tous les autres rôles. Et elle fait l’ouvreuse.<br />
Tu t’appelles Bea ? ai-je envie de rétorquer à Ashley.<br />
Evidemment qu’elle ne s’appelle pas Bea, ni Beatrice, <strong>et</strong> comme elle tient depuis longtemps le rôle<br />
de porte-parole pour sa sœur, je me tais.<br />
Mais je me tourne vers Bea.<br />
— Super, tu joues Anita ?<br />
— Oui.<br />
Note à l’intention de Bea — Chère Bea, l’air renfrogné ne te va pas. Ta meilleure chance dans la<br />
vie est de développer une personnalité éblouissante, des résultats scolaires en béton, ou un talent<br />
quelconque — autre que la comédie musicale. Le macramé, par exemple. Bisous, Tante Tracey.<br />
— Donc tu joues Anita <strong>et</strong>… qui d’autre ? Tony ? L’officier Krupke ?<br />
Je me donne un mal de chien pour réunir mes connaissances concernant West Side Story <strong>et</strong> valoriser<br />
l’éternelle doublure ici présente.<br />
— Oui, dit Bea.