VOL.1 PHYSIQUE NUCLEAIRE - IAEA
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INTRODUCTION<br />
Pour intéressantes que soient ces « Interlaces -<br />
avec des disciplines voisines (que nous examinerons<br />
dans la troisième partie de ce rapport), c'est<br />
sur le plan des concepts qu'il faut situer toute la<br />
richesse des apports ou des emprunts que la physique<br />
nucléaire peut faire à d'autres sciences.<br />
Le noyau constitue en effet un stade spécifique<br />
d'organisation de la matière. Les particules qui le<br />
composent subissent l'interaction forte. Leurs<br />
mouvements obéissent aux lois de la mécanique<br />
quantlque (d'abord développée par la physique<br />
atomique). Ils constituent une « matière condensée<br />
» très particulière qui fournit au théoricien un<br />
corps d'étude privilégié du problème à N corps.<br />
La richesse et la nouveauté des propriétés ainsi<br />
révélées sont extrêmes. L'étude des phénomènes<br />
qui se produisent dans le noyau est ainsi devenue<br />
un objet en sol, dont lo but premier n'est plus<br />
la seule connaissance de l'Interaction nucléonnucléon.<br />
Certaines des lois générales concernant les phénomènes<br />
nucléaires sont maintenant bien connues<br />
; structure en couches rappelant 1st atomes<br />
(malgré des aepacts paradoxaux aujourd'hui bien<br />
compris), déformations et rotations des noyaux,<br />
vibrations, etc. D'autres aspects qui paraissent familiers<br />
réservent encore des surprises : la fission<br />
nucléaire connue empiriquement depuis plus de<br />
trente ans n'est vraiment intelligible que depuis<br />
trois ou quatre ans. Les progrès actuels enfin, permettent<br />
de formuler de nouvelles questions : qu'advlent-il<br />
aux propriétés nucléaires lorsqu'on communique<br />
au noyau les énormes moments cinétiques<br />
résultant de collisions entre deux noyaux massifs ?<br />
Existe-t-ll une viscosité nucléaire se manifestant<br />
dans la fission ou la fusion des noyaux lourds?<br />
Quelles sont les corrélations è très courte portée<br />
entre nucléons?<br />
Comme toute science, la physique nucléaire se<br />
donne pour but de dégager des lois générales.<br />
L'extrême complexité des phénomènes nucléaires<br />
fait cependant que ces lois générales ne se dégagent<br />
souvent Ici que d'une étude systématique et<br />
patiente de nombreuses propriétés. En physique<br />
nucléaire. Il existe assez peu d'expériences « cruciales<br />
» qui donnent à certaines questions des<br />
réponses bien tranchées. Mais il y a bien entendu<br />
des expériences importantes qui marquent des discontinuités.<br />
Science fondamentale, justifiée par une meilleure<br />
connaissance de la nature et la richesse des concepts<br />
qu'elle se forge, la physique nucléaire est<br />
également source d'applications qui ont bouleversé<br />
le 20' siècle. Comment la recherche nucléaire<br />
d'aujourd'hui se sltue-t-elle par rapport à ces applications<br />
?<br />
Cette question n'est pas simple et y répondre exige<br />
quelques nuances. Il est vrai — et d'ailleurs<br />
paradoxal — que les découvertes applicables de<br />
la radioactivité, de la fission nucléaire, etc. ont été<br />
faites è une époque où la connaissance du noyau<br />
était qualitative et même grossière. L'attitude des<br />
physiciens nucléaires à l'égard de ces applications<br />
est ambiguë. Elle n'est pas exempte d'un<br />
certain agacement qui rappelle celui qu'éprouvent<br />
ces musiciens précoces, connus trop exclusivement<br />
pour leurs succès de Jeunesse, et qui ne<br />
cessent de protester de la supériorité des réussites<br />
de leur âge adulte.<br />
La vérité est que l'apport actuel de la science<br />
nucléaire à la technologie et a l'industrie prend<br />
plutôt l'aspect d'un flux continu (de données d'Instrument»,<br />
de méthodes) que de discontinuités spectaculaires.<br />
Son Impoi tance, qui es; déjà considérable,<br />
est appelée à s'accroître très vite avec le<br />
développement prévisible de. l'énergie nucléaire<br />
au cours de la prochaine décennie. Un des aspects<br />
les plus perceptibles pour le physicien est<br />
l'utilisation, par d'autres que lui, des outils que<br />
les exigences de sa recherche l'amènent à se<br />
créer : accélérateurs, détecteurs, circuits électroniques.<br />
Nous examinons ces aspects dans la quatrième<br />
partie de ce rapport.<br />
Quelle place la physique nucléaire française occupe-t-elle<br />
dans la communauté internationale et<br />
dans la communauté scientifique nationale, quelle<br />
conscience a-t-elle d'elle-i.-*éme ?<br />
Les physiciens américains — qui eurent longtemps<br />
en physique nucléaire une position de quasi monopole<br />
— considèrent aujourd'hui la France au<br />
nombre des trais ou quatre autres nations qui contribuent<br />
à "essentiel de la production scientifique<br />
dans ce domaine. Cette situation enviable est due<br />
à un effort soutenu pendant près de vingt ans du<br />
CEA, de l'Université, du CNRS, qui a permis —<br />
depuis les années 50 — de créer plusieurs laboratoires<br />
bien équipés, et de former plusieurs centaines<br />
de physiciens. On constate depuis 6 ou 7<br />
ans qu'un certain palier est intervenu dans la<br />
croissance de la discipline. Il serait grave que<br />
cette stagnation ne se prolonge car elle conduirait<br />
alors è une récession qui viendrait compromettre<br />
un potentiel humain de première qualité.