Export de produits marocains - FOOD MAGAZINE

Photo Trish Roddick
FoCUS
Vins du Maroc
Une appellation à promouvoir
Auparavant plus orientée sur la quantité, la production viticole marocaine connaît depuis une
dizaine d’années un saut qualitatif remarquable. Des vignerons et œnologues passionnés ont
su tirer des terroirs du Royaume de nouveaux vins, bien loin de l’image de « vin à couscous »
historiquement véhiculée à l’étranger. Tour d’horizon d’une filière qui gagne à être connue.
Selon le Service du contrôle des
vins à la Division du contrôle
des produits végétaux et d’origine
végétale, la production
totale de vins au titre de la campagne
2009/2010 s’élève à 285.000 hl, en
hausse de 8% par rapport à la campagne
précédente. Les Celliers de Meknès s’octroient
70% de cette production, devant
la SVCM (groupe Castel, 1 er exportateur
marocain) avec 25%, les 5% restants
étant partagés entre Vininvest, La Ferme
Rouge, Domaine du Val d’Argan et
Bourchanin. Côté couleur, les rouges
dominent, avec 80% de la production
globale, devant les rosés et gris (17%) et
les blancs (3%).
Les vignes de cuve occupent une surface
de 10.000 ha, soit 20% de la superficie
du vignoble marocain. La grande
majorité (85%) se situe dans la
région de Meknès, mais « des
terroirs longtemps oubliés comme
la région des Zaers, Rommani et
les terres océaniques d’Essaouira
sont venus compléter les régions
traditionnelles.
Avec Les
Coteaux de
l’Atlas, première
AOC
au Maroc, ils
ont contribué
a l’amélioration
de la
viticulture et
à une prise
de conscience
de la part des
vignerons que
sans un joli terroir,
point de salut il n’y
FOOD MAGAZINE - N° 26 / Du 15 Oct. au15 Nov. 2010 34
avait », explique Boris Bille, du domaine
La Ferme Rouge.
Une qualité à faire connaître
En effet, l’arrivée de vignerons indépendants,
la plantation de nouveaux
cépages adaptés aux conditions pédo-climatiques
(syrah, tempranillo, viognier,
sauvignon…), la maîtrise du froid, le
vieillissement en barriques, le développement
touristique, l’ouverture de
caves à vins… Tout cela a contribué à
faire évoluer le style des vins marocains.
Aujourd’hui, ils sont reconnus par les
spécialistes comme les meilleurs crus
d’Afrique. Symbole de cette réussite,
le vin Tandem, créé chez Thalvin, a été
vendu dans plus de 30 pays et est le seul
vin marocain jamais noté par Robert
Parker (87/100).
Mais, si la production reste stable, les
exportations, destinées à 85% à la France,
ont accusé une baisse de 25% sur la
campagne 2008/2009, à 48.700 hl contre
64.200 la campagne précédente (voir
graphique). Seul point positif, la part des
exportations
en bouteilles
augmente,
passant en 4
ans de 13 à
17%.
Le Maroc
souffre donc
d’un manque
de connaissance
sur
un marché
mondial
certes en
croissance
avec de
Florence CLAIR
nouveaux marchés comme la Chine ou
l’Inde, mais très concurrentiel. Il n’y
a pas de pavillon Maroc sur les salons
vinicoles et les opérateurs regrettent que
« à l’instar de nos voisins maghrébins,
l’Etat n’aide pas plus ses producteurs à
être présents sur les salons spécialisés.
» Pourtant, les vignerons ne ménagent
pas leurs efforts. Après avoir privilégié
le marché local, « nous avons entamé nos
premières démarches à l’export. C’est
bien d’avoir des produits de qualité, mais
c’est encore mieux de le faire savoir. A
notre petite échelle, nous n’hésitons pas
à faire goûter nos vins aux professionnels
du monde entier », indique Christophe
Gribelin, de Vininvest. Quant à la toute
jeune Ferme Rouge, « après 6 mois,
nous avons déjà séduit quelques restaurateurs,
sommeliers, cavistes et hôteliers
au Japon, en France, en Guinée, dans
l’Océan Indien, au Royaume-Uni… Le
monde est vaste et les compliments de
très grands professionnels et vignerons
nous laissent penser que tout est
possible », s’enthousiasme Boris Bille.