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Cartographie des OSC

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centralisatrice. D’autre part, la précarité <strong>des</strong> ressources et la mode collectiviste qui a marqué la seconde moitié<br />

du siècle dernier lui faisait miroiter les vertus d’une vision dirigiste qui devait, plus tard, s’avérer moins opérante<br />

qu’il ne l’avait espéré. L’Etat nouvellement indépendant ne pouvait pas s’accommoder de trop de liberté et c’est<br />

l’une <strong>des</strong> raisons pour lesquelles il avait réduit l’espace de liberté qui permettait jusqu’à la fin de 1965 (en<br />

application <strong>des</strong> Constitutions successives de 1959 et 1961) l’exercice <strong>des</strong> libertés individuelles et collectives.<br />

La société civile s’était scindée en deux parties : la partie traditionnelle qui avait les moyens de s’imposer face à<br />

un pouvoir auquel elle a préexisté et une partie dite moderne (associations, partis politiques, syndicats libres, …<br />

etc.) qui étaient condamnées à agir dans la clan<strong>des</strong>tinité. Durant cette période, le pays a assisté à la<br />

prolifération <strong>des</strong> organisations clan<strong>des</strong>tines dirigées par <strong>des</strong> courants de pensée à la mode où prédominaient<br />

<strong>des</strong> référentiels idéologiques nationalistes arabes ou négro-africains. Ce phénomène de recours à l’action<br />

clan<strong>des</strong>tine a été l’un <strong>des</strong> facteurs minant le régime civil postérieur à l’indépendance et déstabilisateur en<br />

permanence de celui <strong>des</strong> militaires qui ont accédé au pouvoir en 1978. Durant cette période, les rares<br />

associations reconnues formellement étaient celles ayant un rapport avec l’environnement, à cause du danger<br />

de la désertification. Par contre, les associations informelles à caractère religieux, liées exclusivement aux<br />

œuvres caritatives et soutenues en grande partie par les pays du Golfe avaient investi l’espace associatif par <strong>des</strong><br />

actions de bienfaisance. Elles se sont avérées salutaires par les crises alimentaires successives qui ont eu lieu<br />

entre 1970 et 1990, ou par <strong>des</strong> constructions d’infrastructures religieuses et de santé accompagnant la<br />

sédentarisation.<br />

Cette période est marquée également, en ce qui concerne l’évolution de la société civile, par l’émergence d‘un<br />

vaste mouvement coopératif. Les coopératives ont survécu à cette intégration massive <strong>des</strong> acteurs non<br />

étatiques dans le Parti Unique, puisqu’elles faisaient partie de son système. La mode coopérative avait résisté et<br />

s’est confortée depuis l’indépendance grâce à l’appui de l’Etat d’une part, et à sa conformité au réflexe de<br />

solidarité communautaire d’autre part. Aussi, les coopératives étaient-elles le principal interlocuteur de l’Etat<br />

(comme à Rosso, Boghé, Kaédi, … etc.) pour la programmation, la réalisation et le suivi <strong>des</strong> projets<br />

d’aménagement hydro agricole dans la vallée du fleuve Sénégal. La mise en valeur de cette zone apparut<br />

également très tôt comme étant impossible sans l’aménagement d’une série de petits périmètres rizicoles dont<br />

la gestion ne pouvait être assurée que par <strong>des</strong> coopératives villageoises. Ces périmètres étaient, pour la plupart,<br />

aménagés sur financement du Fonds Européen de Développement (FED) et <strong>des</strong> coopérations française et<br />

chinoise.<br />

1.4. La société civile mauritanienne à l’heure du pluralisme politique<br />

L’ajustement structurel (1987) et la renonciation officielle de l’Etat à subventionner la production agricole en<br />

vertu du Programme d’Ajustement Structurel du Secteur Agricole (1989) ont sonné le glas du mouvement<br />

coopératif qui avait échoué, tout comme l’interventionnisme économique de l’Etat auquel il était lié. La<br />

mondialisation qui a enlevé le couvercle sous lequel la société civile mauritanienne cherchait à émerger<br />

depuis trois décennies et l’avènement du libéralisme à la faveur de la Constitution de juillet 1991 ont permis<br />

la naissance d’un vaste mouvement associatif dont le cadre juridique existait pourtant depuis la loi de 1964 sur<br />

les associations.<br />

Les processus d’élaboration et de promulgation d’importantes lois organisant <strong>des</strong> secteurs stratégiques tels que<br />

l’éducation, le foncier et le judiciaire avaient exclu les décideurs non étatiques à l’instar <strong>des</strong> milieux très<br />

influents de la société civile endogène.<br />

Après 1991, on a assisté à une montée spectaculaire de la société civile à la surface avec la prolifération rapide<br />

<strong>des</strong> associations dont le nombre échappe même à l’Etat qui les autorise et les enregistre. En apparence, la plus<br />

grande partie de ces organisations est formée et dirigée soit par <strong>des</strong> femmes, soit par <strong>des</strong> éléments négroafricains,<br />

soit par <strong>des</strong> éléments <strong>des</strong> couches sociales déshéritées (harratines ou anciens esclaves, artisans, …<br />

etc.). C’est un phénomène qui se comprend bien dans la mesure où ce sont ces acteurs qui se sentent<br />

marginalisés.<br />

La société civile, telle que présentée, n’est pas un phénomène nouveau pour la Mauritanie qui a toujours fait<br />

recours à son potentiel en termes de mécanismes de dialogue pour la prévention ou la résolution <strong>des</strong> conflits, la<br />

flexion du pouvoir exécutif ou l’enrichissement du patrimoine culturel. Elle vit actuellement ce qui peut s’appeler<br />

une crise de croissance qui la met à nu face aux enjeux qu’elle doit intégrer dans sa démarche et sa logique<br />

quotidienne.<br />

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