Cartographie des OSC
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Résumé<br />
Malgré un cadre légal inadapté et quelques faiblesses sur le plan surtout de la capacité à agir selon un agenda<br />
propre et autonome vis-à-vis <strong>des</strong> bailleurs de fonds, la société civile fait preuve d’une forte solidité et une<br />
attitude à opérer avec <strong>des</strong> pratiques fortement novatrices dans plusieurs domaines du développement. Elle<br />
souffre toutefois d’un problème de reconnaissance de la part de l’acteur public et dans une certaine mesure <strong>des</strong><br />
partenaires techniques et financiers.<br />
En effet, en dépit d’une présence assez remarquée dans tout le pays, bien évidemment avec une forte<br />
concentration dans les centres urbains, et notamment dans la capitale Nouakchott, et d’une action efficace au<br />
niveau du maintien de la cohésion sociale et de la gestion <strong>des</strong> conflits, l’acteur public, tant au niveau central que<br />
décentralisé, a du mal à reconnaitre les organisations de la société civile comme acteur incontournable dans la<br />
gestion de l’espace public.<br />
Si plusieurs <strong>OSC</strong> sont impliquées dans la gestion de programmes et projets de coopération au développement<br />
dans plusieurs secteurs, ce n’est pas de même pour leur participation à l’élaboration <strong>des</strong> politiques publiques et<br />
sectorielles du fait justement de ce problème de reconnaissance de la part de l’acteur public.<br />
Outre la question de la reconnaissance politique (dans le sens large du terme), la société civile mauritanienne se<br />
trouve confrontée à l’heure actuelle à plusieurs enjeux. Le premier enjeu est celui d’opérer dans la médiation<br />
pour le dialogue à travers la canalisation de l’énergie sociale sur <strong>des</strong> problèmes et <strong>des</strong> facteurs de risque qui ont<br />
provoqué <strong>des</strong> fissures dangereuses dans le tissu social mauritanien. Le deuxième enjeu est représenté par la<br />
question foncière comme catalyseur de tensions et fractures sociales. Le troisième enjeu est lié à la nécessité<br />
pour la société civile de se réapproprier son agenda. En effet, les <strong>OSC</strong> mauritaniennes, surtout pour celles<br />
appartenant au deuxième niveau de structuration, ont tendance à exploiter les opportunités financières liées<br />
aux projets et programmes plutôt que de suivre leurs propres missions et vocations. Ce qui engendre souvent<br />
l’adoption d’une logique « marchande » qui consiste à devenir un prestataire de service plutôt qu’un acteur<br />
partenaire <strong>des</strong> autres familles d’acteurs, y compris de l’acteur public.<br />
Un enjeu ultérieur est celui de la coexistence de deux sociétés civiles qui se tournent réciproquement le dos :<br />
une société civile arabophone et une société civile francophone. Si la première est financée par <strong>des</strong> institutions<br />
islamiques, la deuxième se dirige plutôt vers les bailleurs européens et nord-américains.<br />
La duplicité d'une société civile caractérisée par <strong>des</strong> divisions linguistiques et culturelles et la menace de la<br />
montée de radicalismes sont d’autant plus graves au point où il ressort le besoin d’un changement de<br />
génération au sein de la SC mauritanienne. En effet, un nouveau leadership tarde à émerger au sein de la société<br />
civile. Cette dernière est actuellement dirigée par <strong>des</strong> hommes et <strong>des</strong> femmes qui se connaissent et qui, dans la<br />
majorité de cas, ont grandi ensemble. Il s'agit de leaders qui ont une histoire de militance dans la société civile,<br />
certains dans la politique, certains dans la militance gauchiste <strong>des</strong> années 70, certains dans la lutte pour<br />
l'Indépendance du Pays dans la période coloniale.<br />
Sur le plan <strong>des</strong> caractéristiques <strong>des</strong> <strong>OSC</strong> mauritaniennes, la société civile de manière générale est assez<br />
diversifiée et plurielle non seulement sur le plan <strong>des</strong> différentes composantes ethno communautaires et<br />
linguistiques mais aussi sur celui <strong>des</strong> différents niveaux de structuration.<br />
Les organisations à la base sont caractérisées par une richesse et une diversité qui se déclinent en deux gran<strong>des</strong><br />
typologies. La première est celle d'une société civile qui opère à travers <strong>des</strong> liens informels à fort caractère<br />
traditionnel. La deuxième est composée d'acteurs dits "formels", structurés selon la différentiation classique. Les<br />
organisations de base à caractère informel prennent la forme d'associations d'âges, de griots ou de Djawambée<br />
(associations ad hoc mises en place dans le but de plaider la paix au niveau villageois), ou les "twiza", qui sont<br />
<strong>des</strong> groupements qui opèrent pour la réalisation de travaux d'intérêt général et communautaire. Une catégorie à<br />
part est celle <strong>des</strong> organisations religieuses, comme par exemple les confréries, qui jouent à l'heure actuelle un<br />
rôle important dans la lutte contre le phénomène du radicalisme islamiste. Toutefois, une grande partie <strong>des</strong><br />
organisations à la base sont <strong>des</strong> acteurs formels 1 tels que les coopératives, les organisations socio-économiques,<br />
les organisations paysannes, les associations féminines, les associations de jeunes, les groupements d’intérêt<br />
commun, …etc. Elles sont caractérisées par l'entraide et la solidarité internes à l'organisation, par un caractère<br />
productif (production et commercialisation <strong>des</strong> produits agricoles de l'élevage et de la pêche) et par <strong>des</strong> activités<br />
1 Organisations ayant obtenu le récépissé selon les procédures prévues par la législation régissant le mouvement associatif<br />
mauritanien.<br />
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