Cartographie des OSC

adoption par le Conseil des Ministres en 2013. Cette feuille de route fut un moment fort de la promotion des
droits de l’homme en Mauritanie pendant les dernières années. Son application demeure un défi majeur en la
matière.
L’agence Tadamoun 12 pour la Lutte contre les Séquelles de l’Esclavage, l’Insertion et la Lutte contre la Pauvreté a
été mise en place comme mécanisme institutionnel pour l’amélioration de l’accès des populations à des services
de qualité et la lutte contre la pauvreté. Nonobstant que l'Agence ait déjà réalisé des activités dans divers
domaines (accès aux services sociaux de base, infrastructures, agriculture, élevage, AGR…) en particulier au
niveau des poches de pauvreté en faveur des populations pauvres et vulnérables, la problématique, d’après
plusieurs OSC demeure encore d'actualité et ne permet pas le développement harmonieux de la société. Il
existe un certain nombre d'OSC qui ont comme mission principale celle de la lutte contre cette forme d'exclusion
sociale et qui considère la problématique comme étant non pas une question liée étroitement à la pauvreté mais
plutôt comme une problématique sociale et strictement liée au respect des droits humains.
L'objectif d'un certain nombre d'OSC ici est de contribuer au débat propice à l’instauration d’une société
égalitaire où l’individu bénéficie pleinement de tous ses droits, car c’est la condition essentielle, voire unique,
pour édifier une communauté stable et capable d’obvier aux menaces sur sa cohésion et son existence.
Aujourd’hui, l’esclavage ou ses séquelles qui sont encore plus graves ou ses survivances quelle qu’en soit
l’ampleur, est un sujet qui a cessé d’être tabou, tant pour la société civile qui le combat que pour les
gouvernants qui cherchent désormais une stratégie idoine pour l’éradiquer 13 .
3.1. La société civile, la canalisation de l’énergie sociale et la médiation par le dialogue
Tous les éléments énoncés ci-dessus représentent des facteurs de risque perçus comme très aigus par la
société civile mauritanienne 14 . Mais il faut aussi reconnaître que l’insuffisance de ressources, les erreurs de
gouvernance et les errements dans la gestion de la diversité culturelle sont en train d'engendrer et d’élargir des
fissures soit dans la société mauritanienne, soit entre acteurs de cultures différentes, soit entre acteurs issus de
catégories sociales résultant d’une évolution de la société. Or, lorsque naissent ou s’élargissent de telles
fractures, elles rendent difficile l’intervention de la société civile qui ne peut plus jouer son rôle de modérateur
des conflits et de médiation par le dialogue. En Mauritanie, apparaissent de plus en plus des formes de
manifestations de mécontentement qui semblent faire appel à la modération et au sens civique dont la société
civile doit être le creuset et l’exemple. Ces manifestations sont maintenues dans les limites du gérable aussi bien
par les pouvoirs publics que par les OSC. Il n’est cependant pas exclu qu’elles évoluent vers des dimensions qui
échappent au contrôle et dépassent les capacités managériales de tous ces acteurs réunis.
Du fait de sa localisation et de son histoire, la société mauritanienne est le résultat d’une osmose des cultures
arabo-africaines qui lui a permis de survivre à bien des périodes où sa diversité n’a pas été bien gérée. Mais
cette capacité de survie peut ne pas suffire lorsqu’elle est sollicitée pour traiter de manière conséquente des
plaies comme celles des événements de 1989-1991 précédemment énoncés. Quelle réaction pourrait
engendrer la négligence d’un tel traitement ?
L’élargissement des fractures ou leur naissance sous l’effet des facteurs dont certains ont été énuméré ci-dessus
pourrait avoir comme corollaire inéluctable le risque de montée et d’aggravation de radicalismes de toutes
sortes. On observe cependant la volonté politique proclamée et la promulgation de lois pour éradiquer ces
séquelles, qui restent toutefois sans effets suffisants en termes d’impacts. Ces efforts sont d’autant moins
ressentis que les ressources financières sensées les soutenir/booster ne donnent pas satisfaction aux acteurs qui
sont engagés dans les actions visant la disparition de ces formes de dépendance. Un tel décalage entre la réalité
12 Créée par décret N° 048-2013 en date du 28 mars 2013, principalement pour répondre à un impératif de développement relatif à
l’amélioration des conditions de vie d’une certaine population victime d’une parenthèse historique, dont les retombées
économiques et sociales étaient désastreuses, TADAMOUN a une mission de première importance qui s’articule autour de trois
composantes : lutte contre les séquelles de l’esclavage ; insertion des rapatriés mauritaniens du Sénégal ; et lutte contre la
pauvreté. Dans cette optique, TADAMOUN est chargée de promouvoir et de mettre en œuvre, notamment au niveau du Cadre
Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP), des programmes visant l’éradication de la pauvreté dans toutes les régions de
Mauritanie (http://www.tadamoun.mr).
13 Isselmou Abdel Kader, L'Esclavage en Mauritanie : Survivances et séquelles, papier CLTM, janvier 2016.
14 Ces problématiques constituent les défis prioritaires pour les organisations rencontrées lors de vingt focus groups réalisés dans le
Pays.
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