MÉMOIRE - Laure Botella

CHAPITRE 1. LA FRONTIERE ENTRE LES CRITIQUES, LES INJURES ET LES
DIFFAMATIONS : DES DEFINITIONS LIEES AU CONTEXTE HISTORIQUE ET
SOCIETAL
« C’est la loi qui définit par ailleurs l’injure publique. » De la même façon, la diffamation est « dans un
cadre légal bien défini. La diffamation c’est affirmer quelque chose de faux sur une personne, qui porte
préjudice. L’injure publique, c’est une injure publique. » déclare Frédéric Giudicielli, ancien conseiller
adjoint à la communication 6 , sur la partie numérique, de François Hollande. Selon Jonathan Debauve,
ancien conseiller en charge de la communication de Najat Vallaud-Belkacem, « on bascule dans l’injure
dès lors qu’on commence à diffamer, à mentir, et à utiliser des mots injurieux. » 7 Mais la place de la
publicité de cette injure est très importante. Il illustre cette importance par un exemple :
l’apprentissage de l’Islam en cinquième. « Je ne pense pas […] que l’apprentissage de l’islam en cinquième
dans les programmes d’histoire, aurait pris, si un certain nombre de parlementaires de droite, y compris de
la droite républicaine, n’avait pas cherché à volontairement biaiser, exploiter, quelque chose qui était faux,
puisque l’islam est dans les programmes d’histoire depuis les années 1950, avec la naissance du
monothéisme, voire même avant. » Mais la place de l’origine de Najat Vallaud-Belkacem restait
importante : « Ça arrange beaucoup de gens de jouer sur les peurs, de laisser entendre que Najat Valaud-
Belkacem a une double allégeance. Tout cela pour moi, cela relève de l’insulte, de la diffamation. » 8 Pour
l’ancienne ministre de l’Éducation nationale, « cela devient diffamation quand cela prétend porter des
informations à la connaissance publique qui n’en sont pas. » 9 Elle cite l’exemple de la scolarisation de ses
enfants : « lorsque l’on fait courir le bruit que je scolarise mes enfants dans le secteur privé, c’est une
information qui n’en est pas une. On la fait courir publiquement, et elle est diffamante parce qu’elle cherche
à me porter atteinte ».
Tou.te.s les interviewé·e·s sont donc unanimes ou presque : ce sont les définitions juridiques, et donc
la loi, qui définissent la frontière entre les critiques, les injures et la diffamation. Si la critique n’est pas
condamnable, et est même souhaitable en démocratie, ce n’est pas le cas de l’injure et de la
diffamation, qui sont encadrées juridiquement. Mais la loi et les définitions, juridiques et
encyclopédiques, ont évolué au fil des siècles, certaines définitions venant même en remplacer
d’autres.
6
GIUDICELLI Frédéric, ancien responsable adjoint du Pôle presse et communication, en charge du numérique de l'Élysée.
Entretien réalisé le 4 août 2017.
7
DEBAUVE Jonathan, ancien conseiller en charge de la communication de Najat Vallaud-Belkacem. Entretien réalisé le 11
mai 2017.
8
Ibid.
9
VALLAUD-BELKACEM Najat, ancienne ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Entretien réalisé le 23 juin 2017.
11